La transition prend son envol dans la nouvelle Tunisie qui ambitionne de réussir le challenge démocratique. L'avènement d‘un gouvernement technocratique, dirigé par le Premier ministre Mehdi Jomaâ, a réhabilité les vertus du dialogue national qui a permis de transcender les visions partisanes à courte vue pour s'inscrire dans une démarche consensuelle de sortie de crise. C'est ce « modèle tunisien », vanté par la communauté internationale, qui se donne plus d'épaisseur dans le lifting qui touche à la gouvernance locale débarrassée des oripeaux de la militance source de paralysie institutionnelle et de défiance absolue. La remise sur de bons rails du processus de démocratisation, fondé sur l'adoption d'une nouvelle Constitution et le retour aux urnes en 2014, est désormais confiée aux mains expertes de la nouvelle génération de gouverneurs qui se voient, en exigence fondamentale de l'opposition, chargées de garantir les conditions de régularité et de transparence du scrutin. Sur sa page Facebook, le ministère de l'Intérieur a publié la liste des 18 nouveaux gouverneurs qui prendront leurs fonctions notamment à Tunis et les régions en proie, ces derniers mois, à une vague de violence générée par la grogne sociale. Le passage de témoin de la coalition à dominante islamiste au règne technocratique, privilégiant les compétences et la performance, se veut l'expression d'un choix résolu et, répétons-le, consensuel d'un mode de transition voué à la nécessaire stabilisation et à la mise en place d'institutions démocratiques et pérennes. Le bout du tunnel n'est pas assurément bien loin pour la nouvelle Tunisie qui donne les gages de bonne gouvernance et s'assure, en conséquence, d'un capital de confiance de la communauté internationale prête à soutenir les réformes politiques et économiques. La Banque mondiale a annoncé, vendredi, un programme de 1,2 milliard de dollars destiné au financement des réformes entreprises par le gouvernement (750 millions), du projet de décentralisation prévue par la nouvelle Constitution (300 millions) et une ligne de crédit bancaire pour les petites et moyennes entreprises (100 millions). Car, pour la vice-présidente de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, Inger Andersen, « le consensus obtenu autour de la nouvelle Constitution représente une base pour les réformes économiques dont le pays a tant besoin ». Les défis sont colossaux dans la Tunisie en décroissance (2,6% en 2013 contre 3,6% en 2012), prise dans l'étau terroriste et interpellée par la « bombe à retardement » du chômage galopant (15% de la population active).