Après plus de deux heures de délibération, le tribunal criminel de Ouargla a rendu des sentences jugées clémentes à l'encontre des 27 personnes inculpées. Ce procès fait suite aux émeutes du 13 avril 2013 en réaction à l'affichage d'une liste contestée de bénéficiaires de logements sociaux. Cinq ans de prison par contumace à l'encontre de l'accusé toujours en fuite, 18 mois de prison pour 5 prévenus, 3 ans de prison avec sursis pour 13 autres, et acquittement pour les 8 derniers. Le procès dit des émeutiers des manifestations d'avril 2013 de Ouargla a pris fin vers 18h30 après deux heures de délibération. Une salle d'audience archi-comble dès le matin en prévision d'un procès aussi attendu que contesté par la coordination des chômeurs qui a tôt fait d'organiser un sit-in de protestation au moment où les inculpés étaient transférés de la maison d'arrêt de Ouargla où ils avaient passé leur unique nuit d'incarcération. Une dizaine de membres de la CNDDC ont en effet organisé un sit-in devant le tribunal de Ouargla avant d'être dispersés par les agents de police pour ne pas perturber les audiences en cours. Ces derniers se sont alors déplacés à la cour de justice pour renouveler leur action de solidarité avec les 27 chômeurs ayant bénéficié de citations directes suite aux émeutes d'avril 2013. L'affaire a été inscrite au rôle de la session ordinaire du tribunal criminel de Ouargla après plusieurs mois d'investigation. Il faut savoir que les dégâts matériels causés par les émeutiers ont mis en émoi la population qui n'a pas vu d'un bon œil la destruction des édifices publics et privés tout le long du centre-ville. Les mis en cause, dont 14 ont été arrêtés au moment des faits à l'avenue Che Guevara, sont accusés de deux crimes, à savoir la mise à feu intentionnelle de bâtisses non habitées et non aménagées pour usage d'habitation et la mise à feu d'un véhicule. Les délits concernent 7 personnes inculpées pour destruction intentionnelle des biens d'autrui, violences et voies de fait sur des agents de la police en fonction, actions diverses et attroupement non autorisé de nature à créer des troubles à l'ordre public. Dans l'après-midi, le parquet a requis des peines très lourdes allant de 20 ans de réclusion criminelle à l'encontre des 20 premiers et à 3 ans de prison assortis d'une amende de 100 000 DA et confiscation des articles saisis pour les seconds. Au même moment, les chômeurs tenaient un sit-in de plusieurs heures en face de la cour criant à l'injustice et à l'impuissance des pouvoirs publics. Pour rappel, la CNDDC organise depuis samedi de petits sit-in devant le Trésor public en plein centre de Ouargla en préparation d'une grande manifestation commémorative de la Milyonia du 14 mars 2013. El Watan vient de savoir que Ali Bouguerra, wali de Ouargla, et Abdelahamid Djezzar, président de l'Assemblée populaire de Ouargla viennent d'autoriser la tenue d'un meeting «de sensibilisation des chômeurs» à la salle de cinéma Sedrata, aujourd'hui, jeudi 13 mars. Une revanche, crient les chômeurs qui se retrouveront pour la première fois depuis le déclenchement de leur lutte dans une salle officielle pour fêter la Milyonia du 14 mars 2014. Un atelier de préparation du meeting était programmé hier soir, au moment où les chômeurs sillonnent les quartiers pour distribuer des invitations. Il est à souligner enfin qu'il s'agit de la première fois où des personnes impliquées dans des émeutes, en dehors des manifestations régulières des chômeurs, écopent de peines de prison. Les Ouarglis se rappellent des sorties triomphantes à l'issue des procès de 2007 et 2010, en particulier quand les prévenus ont été relaxés au grand dam des particuliers et personnes morales ayant subi des préjudices.