Le président Bouteflika a rappelé Ahmed Ouyahia, qui retrouve son poste de directeur de cabinet qu'il occupait sous Zeroual, le Président qui a démissionné face à l'hostilité de l'establishement et du DRS. «C'est une manière de poser les scellés sur le palais d'El Mouradia, analyse un proche du sérail. Ouyahia devient le gardien de la maison, où le frère cadet, Saïd, ne pourra plus régner comme avant.» Dans cette optique, relève un observateur averti, «c'est Mediène, en plaçant Ouyahia à un poste névralgique, jadis tenu par le puissant Larbi Belkhir, qui reprend la main en verrouillant El Mouradia». «C'est le départ de la course pour le poste de vice-président, entre Sellal, Ouyahia et Belkhadem», croit savoir un autre observateur. Bouteflika est-il revenu au giron du système qu'il a combattu si hardiment, au point que la bataille a débordé sur des tensions impliquant le patron du DRS ? «En nommant Ouyahia et Belkhadem, Bouteflika les ramène à leur vraie dimension, confie-t-on du côté d'El Mouradia. De présidentiables, ils deviennent des fonctionnaires, au même rang que d'autres à la Présidence.» «En plus, Ouyahia et Belkhadem ne peuvent plus intégrer la direction de campagne du Président, étant des commis de l'Etat, débarrassant les locomotives de la campagne, Sellal et Saadani, des figures gênantes», poursuit notre source. Sellal, qui devra durer dans le dispositif du 4e mandat, puisque Yousfi n'est qu'un intérim, soit un chef de l'Exécutif pour la forme et accessoirement il sera à la tête de la commission de préparation des élections. «Ce genre de casting veut aussi dire autre chose, soulignait déjà un ancien ministre. Bouteflika veut mouiller Mediène jusqu'au bout, jouant sur les étiquettes des éléments dont il fait semblant de s'entourer.» Enfin, une dernière lecture découle de cette interrogation : «Pourquoi réanimer aujourd'hui politiquement Ouyahia et Belkhadem, dégommés par le clan présidentiel ?» «C'est une manière de placer des filets de sécurité au système au cas où le plan du 4e mandat explose en plein vol, avec retrait ou disparition du président-candidat», prévoit une source au fait des affaires de l'Etat. Ailleurs, du côté de l'opinion, c'est la résignation mêlé à la révolte : sur les réseaux sociaux, certains ne veulent même pas croire au retour des deux chefs de gouvernement les plus impopulaires de l'Algérie. «Le système, otage d'un AVC, est complétement stérile, incapable de se régénérer, tournant en rond, nous humiliant jour après jour», résume un internaute. Sur twitter, un nouveau hashtag a été créé hier soir : #ausecourouyahiaetbelkhademreviennent.