Malgré les batteries des lois promulguées à sa faveur, cette catégorie est en proie à toutes les formes de marginalisation. La journée nationale des handicapés a été l'occasion d'organiser, en présence du wali, Ali Bedrici, une cérémonie en l'honneur de cette catégorie de personnes au centre psychopédagogique des handicapés moteurs de la ville de Jijel. En plus du discours circonstanciel prononcé, des chaises roulantes et des béquilles ont été remis à des handicapés, tout comme il a été question d'organiser une exposition sur des cas de personnes aux besoins spécifiques, qui ont réussi leur insertion grâce au concours de l'agence nationale du microcrédit (ANGEM). Cependant, la situation des handicapées, et en dépit des discours rassurant, fait toujours polémique dans la wilaya de Jijel dans la mesure où beaucoup reste à faire pour donner l'opportunité à cette catégorie de personnes de s'insérer socialement, selon les dires de Wahiba Laaraba, présidente de l'association défi et espoir de la femme handicapée. Elle-même victime d'un handicap moteur qui l'a fait clouer sur une chaise roulante, depuis plusieurs années, cette jeune femme, qui milite pour cette insertion, est en lutte pour faire admettre que «l'handicap est l'affaire de tous». Sur les conditions des handicapés, elle reste dubitative quand il s'agit de se prononcer sur le sujet. «Les handicapés sont marginalisés et les femmes sont les plus touchées par cet ostracisme qui ne dit pas son nom», soutient-elle. Selon elle, les raisons de cette marginalisation sont dues à la non-application des batteries de lois qui sont consacrées aux droits des handicapés. «L'handicapé a le droit à l'école, aux loisirs et à l'insertion et s'il n'y a pas de structures d'accueil pour ces personnes, il n'y a pas donc une application de la loi», martèle-t-elle. Recensant quelques 300 adhérents, l'association que préside cette femme s'est lancée depuis quelques temps dans un projet d'accompagnement des handicapés dans leur insertion professionnelle. Le projet est piloté par l'organisation «Handicap international», qui a pris en charge le volet technique de cette opération. La problématique des conditions de prise en charge des handicapés est notamment liée à l'environnement social, qui reste, selon notre interlocutrice, non adapté à l'insertion de cette catégorie de personnes. «Les difficultés sont encore plus accentuées en milieu rural, là ou la femme est doublement victime et de son handicap et de la marginalisation qu'elle subit», note-t-elle. Pour changer le regard que porte la société sur l'handicapé, l'association défi et espoir a pour objectif d'insérer professionnellement les handicapés. «C'est à cette condition qu'on arrivera à libérer les handicapés de la maigre pension de 3400 DA qu'ils perçoivent mensuellement de la DAS», conclu notre interlocutrice.