L'unanimisme qui a caractérisé les réseaux de soutien au candidat Bouteflika depuis son arrivée en 1999 semble subir, à l'aube de son 4e mandat, des failles dans son édifice. Pour preuve, les hésitations et l'indécision qui ont marqué les positions des organisations patronales, religieuses, partis et de la société civile, habituellement acquises au candidat, semblent cette fois marquer le pas avec, bien apparente, une hésitation à trancher. L'épisode de l'assemblée générale du FCE reportée à deux reprises faute de quorum a mis mal à l'aise l'organisation ainsi que son président qui croyait pouvoir rééditer aussi naturellement le soutien du forum à Bouteflika comme lors des trois mandats. Réda Hamiani compte encore convaincre les adhérents de venir à l'AG dont le seul ordre du jour est la position du FCE sur la présidentielle. Autrement dit, soutenir ou non le 4e mandat. Mais le ton a été donné à la fois par les manques à l'appel et les déclarations de Slim Othmani pour recadrer l'objet du FCE, précisant que les options politiques sont des choix individuels. Même le dîner organisé jeudi dernier pour faire un tour de table afin d'apporter des financements à la campagne du candidat n'a pas drainé foule. À peine une poignée d'opérateurs a répondu à l'appel. Signe que le malaise et les divergences sont profonds. Les autres organisations, hormis celles du secteur public, UNPA, UGTA et Unep, UNFA... semblent s'éloigner du jeu politique. Pourtant elles sont assez nombreuses les associations patronales du secteur privé. La même lézarde est relevée dans tout le réseau de soutien, y compris dans les comités de soutien à son programme mis en place depuis 1999. En effet, le bloc des CSPP s'est scindé en deux camps diamétralement opposés sur la question. Cela bien avant l'annonce de la candidature de Bouteflika et bien avant les autres organisations. Même cas du côté du FLN, qui s'est retrouvé avec trois ailes et deux positions. Quand certains s'opposent, en privé surtout, à la candidature de Bouteflika, d'autres cadres du parti ont carrément pris option pour le candidat Ali Benflis. D'autres se contentent évidemment du silence pour ne pas s'impliquer. Plus édifiant est le silence des zaouïas qui, pourtant, n'ont jamais hésité à apporter ouvertement leur soutien à Bouteflika. C'est sous leur union que les zaouïas se prononçaient sur la chose politique, surtout depuis l'arrivée de Bouteflika qui leur a ouvert cet espace pour s'impliquer activement. Cette attitude renseigne sur les limites et la fragilité de la construction fondée essentiellement sur le principe de l'allégeance. Au bout de trois mandats à la même cadence, tout s'est effrité, donnant une sorte de puzzle où chaque acteur, chaque groupe se prononcent indifféremment, selon leur propre conception, une fois l'unanimité et la cohésion brisées. Si certains ont pris option depuis longtemps, étant convaincus que Bouteflika n'allait pas se représenter, c'est le cas de Touhami de la coordination des comités de soutien au programme du Président, d'autres, par opportunisme, qui ont adopté des postures de sniper, ont attendu le moment propice pour se prononcer alors que d'autres encore sont restés accrochés au principe du soutien inconditionnel. Le bloc constitué par toutes ces organisations s'est disloqué, offrant le spectacle de la fin d'une ère sans, pour l'instant, révéler le moindre indice de recomposition ou de reconfiguration. D B Nom Adresse email