La plupart, sinon toutes les villes algériennes, traînent toujours leurs bidonvilles comme autant de plaies moches à voir. On croit à chaque fois qu'on en a fini avec ces baraques dans telle ou telle ville, en vain. Chaque fois qu'elles se dotent d'une nouvelle cité, d'un grand ensemble, les villes voient naître à leurs dépens un ou même plusieurs bidonvilles. Vrai, l'exode rural avant et après l'indépendance en a créé systématiquement partout, et il continue, surtout celui engendré par le terrorisme ces dernières années, à déraciner bien des gens, qui étaient sûrement heureux là où ils étaient, pour les cantonner dans de terribles ghettos. Mais n'empêche que certains y trouvent là un juteux fonds de commerce. On leur octroie des logements sociaux, ils les revendent pour revenir à leurs taudis, si entre temps le ou les bidonvilles ne sont pas démolis, ou bien pour s'installer dans d'autres bidonvilles ou les grossir. Nous avons remarqué ce phénomène : la naissance de bidonvilles lors des élections locales. En ces moments-là, c'est la confusion générale et n'importe qui fait n'importe quoi en toute impunité. En quête de voix, les élus sortants, qui sont candidats pour un éventuel mandat, ferment les yeux devant la « bidonvilisation ». Pis encore, ils vont même jusqu'à conforter les squatters de terrain, en leur promettant de les régulariser ou de leur donner un logement une fois réélus. Moult programmes ou opérations de résorption de l'habitat précaire ont été initiés et continuent de l'être, sans qu'on en arrive à bout. Avec des parades télévisées, chaque wali fait de l'éradication de bidonvilles une preuve qu'il travaille, et ça s'arrête là, ça ne va pas loin. Pas de suivi. Pas de plan de travail devant survivre aux hommes et aux pouvoirs. Aussi, on en détruit un, il en sort plusieurs, souvent même sur les mêmes lieux. Donc, on a juste affaire à une débidonvillisation démagogique. Quand on ne peut pas éradiquer les bidonvilles, faute de moyens ou plutôt de volonté, on essaie de les cacher, du moins pour les hauts responsables. Tant que les responsables chargés de les gérer ne s'en tiennent pas à un plan clair et efficace d'éradication et de reconstruction et à l'application de la loi à ce propos, les bidonvilles continueront à fleurir et à s'épanouir, (avec tout ce que cela comporte comme danger pour la population), et même à se faire accepter... Et là, attention...