L'Institut Français a présenté, samedi dernier, «L'homme qui rit», un spectacle tiré du roman de Victor Hugo et d'après une conception de Christine Guênon. Il s'agit en fait de l'histoire d'un enfant qu'on a mutilé. Les Comprachicos lui ont collé sur le visage un rire magistral et monstrueux, irrésistible et pétrifié, qui produit l'éclat de rire foudroyant. Ursus, le bateleur misanthrope, vagabond n'ayant pour ami et pour compagnon qu'un loup, recueille Gwynplaine, l'enfant défiguré et Déa l'enfant trouvée. Un clown pleure, un homme rit. Qui est l'homme qui rit ? De quoi rit-il ? Est-ce Gwynplaine, cet enfant de deux ans qu'on a défiguré afin qu'il porte sur son visage le rire éternel ? «Ris mon garçon car tu riras toujours». «Es-tu celui qui rit ou celui qui fait rire ? Ris-tu de ce que l'on t'a fait ou de ceux qui te regardent ? Es-tu le seul à ne pas rire ?» Car l'homme qui rit est peut-être la force, le pouvoir, la tradition, l'impunité : son seul lot de consolation c'est son rire. On force l'homme à rire du monde qu'il s'est fabriqué, à rire des vérités toujours blessantes, des espoirs toujours vains et on lui oppose comme seul contrepoint, l'amour, seule vérité peut-être sincère de cette humanité riante… Toute une histoire de la condition humaine.