Résumé de la 3e partie Pendant que la police enquête, la famille retrouve Rufus déguisé en clown dans le cirque des frères Ring. Il est petit, tout rond. Le plus étonnant c'est son visage. On n'y voit que les sourcils. Toute la vie de cet homme est dans ses sourcils. Ils se lèvent en accent circonflexe et le voilà heureux, hilare. Ils s'abaissent comme un accent grave, une énorme larme, et le voilà triste et malheureux comme les pierres. Pour le moment, ils sont en accent grave, car il regarde la photo. ? Vous croyez vraiment que c'est lui ? Le beau-frère agacé hausse les épaules : ? Evidemment que c'est lui. ? Pourtant, cet homme est un clown. Le beau-frère est de plus en plus agacé. ? Un clown !... C'est stupide ! Dites-moi plutôt comment vous l'avez connu. ? Un jour, il s'est arrêté devant le chapiteau, dans une énorme voiture. Il est venu me voir. Il m'a fait des compliments sur mon numéro. Il m'a dit qu'il avait beaucoup ri... Et il m'a dit qu'autrefois il avait été clown. Je lui ai demandé quand et sous quel nom. Il m'a répondu que c'était si vieux que lui-même s'en souvenait à peine. Evidemment, je regardais sa voiture... une voiture comme ça, on n'en voit pas tous les jours. Alors, il m'a dit qu'il était chauffeur du président de la Clark Paint Oil and Glass Company... que son patron était un bonhomme pas drôle du tout, qu'il en avait assez d'être chauffeur. Il voulait redevenir clown. ? Et vous l'avez cru ? ? Je lui ai même répondu en riant qu'il pouvait essayer de me remplacer parce que j'étais à la fin de ma carrière. C'est vrai monsieur, j'ai soixante-dix ans et je crois que c'est ma dernière saison... Alors il m'a donné son adresse... David Carey à la Clark Paint Oiland Glass Company. Je lui ai promis de lui écrire dès qu'on aurait une place de libre. Fin janvier, quand mon partenaire m'a quitté, je lui ai écrit. Le 25 février, il était là. Vous allez voir, il s'est rasé les cheveux et la moustache. Pendant les derniers mois de l'hiver nous avons préparé la saison. ? De quoi vivait-il ? ? Bah ! je l'ai aidé... Il logeait dans une petite pension près de nos quartiers d'hiver... Il travaillait bien. On voyait bien qu'il avait déjà été clown. ? Mais puisque je vous dis qu'il n'a jamais été clown. ? Alors, il est fait pour ça. Et j'étais bien content de l'avoir trouvé. Grâce à lui, je pouvais faire encore une saison. D'ailleurs, il a plus de succès que moi... Vous n'avez qu'à regarder ce soir. Vous verrez que c'est un clown. - Moi je vous dis qu'il est le président de la Clark Paint Oil and Glass Company. ? Et moi je vous dis qu'il est peut-être président par hasard, mais que sa vocation c'est d'être clown. ? Vocation ou pas, il est trop tard ! On ne devient pas clown à quarante ans. Surtout lorsqu'on est millionnaire. ? Et pourquoi pas ? ? Mais enfin réfléchissez !... Vous n'aimeriez pas avoir une femme merveilleusement belle, deux garçons qui réussissent magnifiquement leurs études ? Une très belle maison, au bord d'un lac ? Une collection de tableaux, une Lincoln Continental ? Un tennis, une piscine. ? Si, si, dit le vieux clown en regardant les quatre coins de sa roulotte. ? Vous n'aimeriez pas voyager quand vous en avez envie ! » Le vieux clown hoche la tête. ? Oh ! vous savez, nous, les voyages... Je ne vous parle pas de ces voyages-là ! Je vous parle de beaux voyages : l'Europe, la Polynésie, l'Afrique, le monde entier quoi ! ? L'Amérique aussi, c'est beau, dit le vieux clown. ? Allons donc ! qu'est-ce que vous voyez de l'Amérique ? Les terrains vagues où vous plantez votre tente. Les faubourgs crasseux... Vous ne pouvez pas comparer ! Rufus quand il voyage, c'est dans les plus beaux hôtels : Acapulco ou Monte-Carlo... c'est Rome, c'est Venise, il peut aller à Pékin si ça lui chante.