L'escalade de la violence à Ghardaïa a suscité le déplacement inopiné, dans la nuit de samedi à dimanche, du Premier ministre par intérim, Youcef Yousfi, en compagnie du ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, et du commandant de la Gendarmerie nationale, le général de corps d'armée, Ahmed Bousteila. Officiellement, l'objectif de cette mission est de «s'enquérir» de la situation et «prendre les mesures nécessaires pour mettre un terme aux douloureux événements» qui perdurent depuis des mois, en dépit des renforts dépêchés par la police pour sécuriser les biens et les personnes. Cette délégation a cependant suscité de lourdes interrogations, en raison de l'absence remarquée du directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, qui s'est contenté d'envoyer un «représentant». Contacté, le directeur de la communication de la DGSN a expliqué que le patron de la police était «en mission», pas à l'étranger, mais à l'intérieur du pays. «Son agenda était programmé depuis mercredi, il ne pouvait pas annuler à la dernière minute son programme», a affirmé le porte-parole du DGSN. Quelle mission peut être plus importante que les graves événements qui endeuillent depuis des semaines les habitants de Ghardaïa ? La réponse est impossible à obtenir auprès de la DGSN, dont les éléments ont du mal à instaurer la sécurité dans les quartiers de la ville de Ghardaïa. Depuis vendredi dernier, ils sont devenus les principales cibles des attaques à coups de jets de ferrailles et de cocktails Molotov, faisant des dizaines de blessés, dont quatre uniquement durant la matinée d'hier. Parmi eux, certains sont grièvement atteints, comme ce jeune qui a perdu un œil, après avoir reçu un bout de fer. L'absence injustifiée du patron de la police, en ces moments très difficiles, n'a aucune justification si ce n'est cette mésentente dont parlent certains milieux entre lui et le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, ou encore entre lui, et le tout nouveau chef de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia. Dans la crise que traverse Ghardaïa, les services de police sont les plus visés et surtout les plus accusés pour leur incapacité à rétablir l'ordre. La présence de leur premier responsable sur les lieux, non seulement pour soutenir ses équipes sur le terrain, mais aussi pour rassurer les populations, était plus qu'urgente. Les priorités de Abdelghani Hamel seraient-elles ailleurs qu'à Ghardaïa ?