Ma candidature a été refusée par le Conseil constitutionnel parce que je dérange. Je fais peur au pouvoir.» C'est là l'avis du candidat déchu Ali Benouari. Lors d'une conférence de presse animée hier, à Alger, cet ancien ministre est persuadé que le Conseil constitutionnel a pris une décision lourde de conséquences pour la stabilité du pays. Il vient de confirmer, selon lui, ce que la rumeur publique annonçait avant même le dépôt des candidatures. Une rumeur qui établissait que seules six à sept candidatures seront retenues et avançait même les noms des choisis. M. Benouari ne déposera pas de recours auprès de cette haute institution, car il est convaincu que le rejet de son dossier de candidature est purement politique. «Le pouvoir a simplifié la donne en validant la candidature des personnes gérables. Des candidats aptes à reproduire le système qui est banni et honni par la population», explique le conférencier. Néanmoins, M. Benouari ne compte pas baisser les bras et continuera son combat politique pour une rupture radicale avec l'ancien système et la construction d'une République libérale, sociale et parlementaire. Il ne renoncera pas à la lutte et annonce son intention de créer un parti politique. «Malgré cette éviction injuste qui me privera d'utiliser le cadre de la campagne électorale pour exposer ma vision sur la situation du pays, je ne renonce pas, je vais créer mon parti que je nommerai l'Alternance démocratique», insiste M. Benouari, rassurant au passage qu'il sera aux côtés de la jeunesse qui veut se libérer des entraves qui la ligotent et qui lui interdisent de s'exprimer. L'ancien ministre maintient que les cinq années qui viennent seront déterminantes pour l'avenir de notre pays : «Si nous ne profitons pas de l'échéance de 2014 pour sortir de la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures, ce sont les 1000 milliards de dollars qui auront été dépensés pour produire la plus grande faillite qu'une nation ait jamais enregistrée en un laps de temps aussi court (20 ans).» Concernant le prochain scrutin, le conférencier estime que la fraude a commencé pour la perpétuation de la dictature du système et ne verrait pas d'un mauvais œil l'interruption du processus électoral et affirme qu'il n'acceptera pas un portefeuille ministériel sous le régime actuel. Interrogé sur le retour d'Ouyahia et de Belkhadem au pouvoir, M. Benouari y voit une simple reproduction du système en dépit de ses nombreux échecs. Il qualifie de scandaleux la décision du FCE relative au soutien à un 4e mandat. «Le FCE en tant que société est un parasite, elle existe pour soutenir le candidat du système.» Abordant les événements de la vallée du M'zab, M. Benouari qualifie de honteux la gestion de ce problème par les autorités. «C'est une tache noire dans les annales de l'Algérie. Le gouvernement n'a pas su apporter des solutions appropriées aux problèmes qui secouent la ville de Ghardaïa.»