"Malgré cette éviction injuste, je ne renonce pas. Je me tiendrai toujours aux côtés des vrais patriotes, femmes et hommes, soucieux de l'avenir national. Je suis là pour longtemps encore." Voilà ce qu'a déclaré, hier, Ali Benouari, dont la candidature à l'élection présidentielle du 17 avril vient d'être invalidée par le Conseil constitutionnel. Interrogé lors d'une conférence de presse organisée hier au siège de la direction de sa campagne, à Alger, sur les arguments avancés quant au rejet de son dossier, Benouari a consenti à donner quelques détails, même s'il juge qu'il s'agit au fond d'un "refus politique et non pas technique" : "Sur 62 000 signatures déposées, le Conseil constitutionnel a reconnu en avoir reçu 53 000 dont seulement 23 000 ont été validées. Qui peut contrôler le Conseil constitutionnel ?" Cela dit, l'ancien ministre du Budget ne veut pas en rester-là : "Laissez-moi vous dire que ces 25 000 voix que nous avons arrachées pèsent lourd. Il ne s'agit pas d'élus fantoches, mais d'Algériens et d'Algériennes qui se nourrissent d'espoir", a-t-il prévenu en n'excluant pas l'idée de créer un parti politique qui s'appellerait "Alternative démocratique" ou "Parti de l'Algérie". Et quand bien même le pouvoir en viendrait à lui refuser l'agrément dont il ne s'en fait, d'ailleurs, aucune illusion, Benouari continuera à exister, d'une manière ou d'une autre, sur l'échiquier politique national : "J'ai focalisé sur 2014 parce que c'est une date fatidique. La crise est terrible et ses conséquences incalculables. On n'a pas le droit d'abandonner." Pour le candidat à la candidature, le tarissement de la rente énergétique arrive à grand pas et ne veut pas attendre que les caisses de l'Etat soient vides pour que le pouvoir soit congédié : "Avec une baisse de production des hydrocarbures, une baisse de leur prix de vente et une augmentation de la consommation intérieure en produits pétroliers de 20 à 30% par an, si on ne change pas de système, en 2019, on n'aura plus rien à exporter", prévient-il. Interrogé pour savoir s'il allait soutenir un autre candidat en lice, il se montrera dubitatif : "On veut des candidats qui rentrent dans le moule et qui perpétuent le système. Dites-moi, Louisa Hanoune est-elle une opposante ? Non, c'est un alibi du système. De toute manière, il n'y a pas eu d'expression d'intérêt jusqu'ici. Il semble qu'on veut surtout des ralliements. Cela ne se passera pas comme ça !" Quelque peu déçu, Benouari, qui se défend toutefois d'être "aigri", dit mieux saisir à présent la réalité du système : "Avec les mêmes comportements frauduleux, nous sommes encore dans un contexte de dictature en 2014. On n'a jamais vu une élection présidentielle sans programme électoral. Ceci est un mépris du peuple dont on sollicite les suffrages. Cette élection est venue jeter de l'huile sur le feu. L'interruption du processus électoral pourrait être de nature à calmer les esprits et à favoriser un rassemblement national." Va-t-il rejoindre le camp des boycotteurs ? "En tout cas, mon exclusion donne raison à tous ceux qui se méfient du système." Benouari, qui affirme que sa décision n'est toujours pas arrêtée, se voit très bien dans cette mouvance et même dans le mouvement Barakat puisque, d'après lui, on ne l'a pas laissé plaider la participation. Passant aux autres sujets d'actualité comme les évènements qui secouent actuellement le M'zab, Benouari estime que "Ghardaïa est une tâche noire sur notre front. Les raisons de ces événements ne sont pas d'essence ethnique, mais sociale". M- C. L Nom Adresse email