Hier, deux membres des familles des victimes du terrorisme, qui s'étaient rassemblées comme chaque dimanche depuis des mois devant le Palais du gouvernement, ont été interpellés par la police et entendus au commissariat. Cette mesure d'intimidation a assurément quelque chose de scandaleux, d'autant qu'il a été refusé aux deux personnes conduites par la police le droit d'être assistées par un avocat durant l'interrogatoire. Alors que les portraits des victimes du terrorisme parmi lesquels figuraient des journalistes assassinés ont été confisqués par des éléments de la sûreté nationale et les banderoles arrachées. Telle est, malheureusement, la réalité de la paix et la réconciliation nationale voulue par Abdelaziz Bouteflika, ardemment soutenue par Abdelaziz Belkhadem et qui s'est accompagnée par la mise en liberté de milliers de terroristes devenus par la grâce d'on ne sait quel marabout des victimes de la « tragédie nationale ». Oubliés, les assassinats par centaines de patriotes, de citoyens jaloux de leur indépendance et partisans du droit à la différence que l'intégrisme islamiste voulait dénier à l'ensemble des Algériens. Aujourd'hui, c'est le pouvoir qui dénie aux familles des victimes le droit de se constituer en comité, conformément aux lois de la République, pour défendre la mémoire de ceux qui sont tombés sous les balles assassines des terroristes, exiger que justice leur soit rendue et qu'un statut leur soit enfin accordé. Une fois de plus, l'intimidation et la pression exercées sur les victimes du terrorisme, au mépris des lois et du droit de réunion et d'association, constituent non seulement une atteinte aux libertés fondamentales, mais s'inscrivent surtout en porte-à-faux avec cette volonté de vouloir instaurer une réconciliation entre Algériens. Une volonté qui se veut, quelque part, discriminatoire et qui prétend vouloir gommer les souffrances endurées par les Algériens durant plus de dix ans. En tout cas, la réconciliation voulue s'affiche d'ores et déjà à sens unique et inique.