La campagne de harcèlement contre la presse indépendante reprend de plus belle. Ali Dilem, caricaturiste de Liberté, et Mohamed Benchicou, directeur de publication du quotidien Le Matin, ont été interpellés, hier, aux environs de 10h 30. Ali Dilem a été arrêté par une brigade de la police judiciaire devant son domicile alors que le directeur du journal Le Matin a été interpellé à la sortie du tribunal d'El-Harrach. Ils ont été conduits directement vers le commissariat central pour être entendus sur des affaires liées à la diffamation. Il est 11h30. Siège de la sécurité du Grand-Alger. Cela fait déjà une heure que l'interrogatoire du caricaturiste de Liberté, Ali Dilem, a débuté. Comme convenu et décidé par les éditeurs, Dilem refuse de répondre aux questions des policiers du commissariat central considérant que les délits de presse ne relevaient pas des prérogatives de la police judiciaire. Quelques heures plus tard, il est conduit au tribunal de Sidi M'hamed où il a été déféré devant le parquet qui l'a présenté devant le juge d'instruction. “Je n'ai pas à m'expliquer devant la police”, nous a déclaré le célèbre caricaturiste à sa sortie du palais de justice à 16h40 après avoir été auditionné par le procureur et le juge d'instruction pendant près de trois heures. Sur quoi a porté l'interrogatoire ? Il s'agit de la caricature du 27 septembre 2003 intitulée “Boutef n'aura pas de second mandat” où le dessinateur met en relief un général soutenant que le Président actuel n'aura pas de second mandat. “Je n'ai fait que décrire une situation vraie, cela fait partie de mon travail de décrire ce genre de situation”, a-t-il ajouté. Il faut savoir qu'Ali Dilem a été condamné à deux reprises durant l'année 2003 à 4 mois de prison avec sursis assortis de fortes amendes. De son côté, le directeur du quotidien Le Matin, Mohamed Benchicou, arrêté également dans la matinée au sortir du tribunal d'El-Harrach a passé près de deux heures au commissariat avant d'être conduit au tribunal. Comme Dilem, Benchicou a refusé de répondre aux questions des policiers. Mohamed Benchicou est interpellé pour trois articles dont l'édito du 31 décembre “L'heure d'un front anti-Bouteflika”. En effet, dans cet éditorial, publié par Le Matin dans sa livraison du 31 décembre 2003, le journaliste avait lancé un appel pour la création d'un front anti-Bouteflika. “Le fait n'est pas dans l'interpellation mais dans l'acharnement et le harcèlement qui revient contre la presse indépendante. Rappelons que plusieurs dossiers de presse sont ouverts au niveau de la justice”, rappelle à juste titre le directeur de publication du Matin. Il s'indigne, par ailleurs, de ces intimidations et harcèlements à répétition. La journée était cependant longue pour le caricaturiste de Liberté, Ali Dilem et le directeur de publication du journal Le Matin, Mohamed Benchicou qui ont finalement bénéficié de la liberté provisoire après plus de sept heures d'interrogatoire et d'audition très approfondis. Pendant toute cette durée, des journalistes, les avocats dont maître Bourayou, Bergheul et Mohand Messaoud ainsi que des membres des archs dont Belaïd Abrika, ont fait le pied de grue à proximité du commissariat puis au tribunal. Tous étaient à l'affût de la moindre information. C'est grâce à leurs portables restés ouverts que nous avons pu apprendre qu'ils ont été transférés du commissariat au tribunal de même que leur audition devant le juge d'instruction. N. A. Communiqué de Liberté Ali Dilem notre caricaturiste, a été interpellé, hier matin, à son domicile, par une brigade de la police judiciaire. Il a été conduit au commissariat central d'Alger pour être entendu à propos d'une caricature parue le 27 septembre 2003. Refusant de répondre aux questions de la police, conformément à la décision des éditeurs de réserver leurs réponses à la justice, et à la justice seulement, il a été déféré devant le parquet qui l'a entendu, avant de le présenter devant le juge d'instruction. Il va sans dire que cette nouvelle interpellation s'inscrit dans le prolongement de la politique de harcèlement et d'intimidation, menée contre la presse indépendante. Le journal liberté tient à dénoncer cette énième violation de la liberté d'expression, un des acquis du combat démocratique. Fait à Alger, le 17 janvier 2004 Communiqué du Matin Mohamed Benchicou, directeur du Matin, a été interpellé, hier, par les services de police au moment où il revenait du tribunal et a été conduit directement au commissariat central. Dimanche, il avait reçu une convocation pour se présenter au service “atteintes aux personnes” concernant son éditorial paru dans l'édition du Matin du 31 décembre 2003, intitulé “L'heure d'un front anti-Bouteflika”. Conformément à la décision des éditeurs de journaux, il a décidé de ne pas donner suite à cette convocation et de réserver ses réponses à la justice, et à elle seule. Cette nouvelle interpellation s'inscrit dans le processus de harcèlement et d'intimidation de la presse dont la ligne éditoriale ne plaît pas au pouvoir actuel. Elle constitue une nouvelle atteinte à la liberté d'expression et d'informer. Le Matin tient à dénoncer cette nouvelle violation des libertés. De telles pratiques visant à bâllonner la liberté d'expression et de la presse ne détourneront pas le journal de sa mission d'informer. Le Matin Fait à Alger, le 17 janvier 2004