Le groupe de travail chargé de la révision des salaires de la Fonction publique a été installé hier et devra rendre son premier rapport le 29 juin. Cette installation a eu lieu en présence du ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, du secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, du directeur général de la Fonction publique et d'un représentant du ministère des Finances. Les deux parties, gouvernement et syndicat, se sont entendues sur la nécessité de revoir la grille des salaires de la Fonction publique qui aujourd'hui, de l'avis de tout le monde, est totalement obsolète. Des sources proches du ministère du Travail ont exclu la révision du salaire national minimum garanti (SNMG), telle que revendiquée par le partenaire social, expliquant cette position par les incidences financières négatives que la décision aurait sur l'administration publique et sur de nombreuses entreprises économiques qu'elles soient du secteur privé ou public. « Il existe cependant d'autres moyens de revaloriser les salaires des fonctionnaires en instaurant une nouvelle prime ou en augmentant les indemnités. Un consensus a été trouvé et chacune des deux parties fera des propositions dans ce sens pour permettre d'arriver à un résultat le plus tôt possible en attendant la révision de la grille des salaires des fonctionnaires... » La même source a noté que l'application de l'article 87 bis, revendiqué pendant des années par l'UGTA, implique, selon des experts une dépense annuelle de 540 milliards de dinars, plus exactement 500 milliards pour la Fonction publique et 40 milliards de dinars pour le secteur économique. « Ni le Trésor de l'Etat ni les entreprises économiques du secteur privé ne sont capables de faire face à cette dépense. Toutes les parties sont conscientes de l'enjeu. C'est pour cela que l'option de l'introduction d'une nouvelle prime dans les salaires des fonctionnaires ou de l'augmentation des indemnités qu'ils perçoivent d'une part, et celle de la négociation dans le cadre des conventions de branches d'autre part, sont celles qui ont suscité le plus de consensus. » Les mêmes propos sont tenus par le secrétariat national de l'UGTA, par la voix de son premier responsable, Abdelmadjid Sidi Saïd, selon lequel la discussion autour de la hausse du SNMG est dépassée dans la mesure où, de l'avis de tous, « les incidences financières qu'elle engendrerait pourraient être fatales pour le secteur ». Au cours de la rencontre de Sidi Saïd avec le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, « la volonté du gouvernement à aller vers une augmentation des revenus et la révision de la grille des salaires de la Fonction publique a été clairement exprimée ». Primes : aucune incidence sur la retraite Ces deux options, a noté Sidi Saïd, vont en parallèle, précisant que « l'augmentation, devenue inévitable, peut être décidée dans l'immédiat ou étalée sur une période de deux à trois ans, le temps nécessaire pour la révision de la grille des salaires des 1,5 million de travailleurs ». Pour Sidi Saïd, la question du montant de la prime ou le pourcentage de l'augmentation des salaires n'est pas encore tranchée. « C'est au groupe de travail de se pencher sur les modalités de cette revalorisation, qui, faut-il le préciser, pourrait être fractionnée et donc appliquée en plusieurs étapes. Ce qui est important pour nous, c'est le fait que le gouvernement ait exprimé sa volonté d'augmenter les salaires de la Fonction publique que ce soit par la voie de l'instauration de nouvelles primes, la hausse des indemnités ou encore par la révision de la grille des salaires. Une grille qui aujourd'hui, faut-il le préciser, est totalement obsolète, et sa refonte nécessite au moins deux années de travail. C'est tout un arsenal de statuts particuliers, soit 460, qu'il faudra revoir dans le fond. » Le secrétaire général de l'UGTA a précisé en outre que le groupe de travail installé hier par la centrale syndicale et le ministère du Travail va mettre au point les modalités de cette revalorisation salariale et devra remettre son rapport final le 29 juin. L'annonce des résultats de ce travail sera probablement faite à l'issue de la bipartite gouvernement-UGTA, prévue au début de juillet, en attendant la tenue de la tripartite qui, elle, aura lieu à la rentrée sociale, au mois de septembre 2006, une fois que les 18 conventions de branches devant prendre en charge la question salariale et les conditions de travail dans le secteur économique (public et privé) seront négociées puis signées. Ainsi, après de longues tergiversations sur la révision du SNMG, le nouveau chef du gouvernement est revenu à la position de son prédécesseur, Ahmed Ouyahia. Ce dernier s'est clairement positionné contre l'augmentation du SNMG, estimant que cette décision allait avoir des répercussions négatives sur la survie de nombreuses entités économiques et administratives. Une position qui a suscité de vives critiques de la part de Abdelaziz Belkhadem en tant que patron du FLN et de Aboudjerra Soltani en tant que secrétaire général du MSP. Pourtant, dès sa prise de pouvoir, Belkhadem s'est rendu compte que lui aussi ne pouvait décider l'augmentation du SNMG et a préféré jouer avec la fibre sensible des fonctionnaires en annonçant une augmentation des salaires, au lieu de parler de celle des primes et indemnités, qui n'ont aucune incidence sur le calcul des pensions de retraite.