Un jour, Coluche (célèbre humoriste français) a dit : «Il y a deux genres d'avocats. Ceux qui connaissent bien la loi et ceux qui connaissent bien le juge.» Cette maxime s'applique parfaitement aux commissions juridictionnelles du football algérien qui se caractérisent, très souvent, par des prises de décision qui vont à l'encontre du droit et de ses principes… et font l'affaire et le plaisir de ceux qui plaquent au sol l'équité et le respect des règlements. C'est de l'abus de pouvoir, doublé d'une violation des règlements. La commission de recours fédéral et la commission de discipline de la Ligue nationale de football amateur (LNFA) viennent d'administrer la preuve que des organes aussi importants violent, piétinent, contournent les règlements et rendent des décisions iniques, scandaleuses dans des affaires très simples. Le cas du traitement de l'affaire des réserves de l'ES Ghozlane sur un joueur de l'ES Berrouaghia (DNA) en est la parfaite illustration. Rapide rappel des faits. A l'occasion de la rencontre ESG-ESB, disputée le 1er février 2014, Sour El Ghozlane a formulé des réserves sur cinq joueurs de Berrouaghia. Deux jours plus tard, l'ESG a confirmé les réserves sur un joueur seulement et s'est acquitté de la somme de 30 000 DA, conformément à l'article 84, alinéa 4 des règlements des compétitions. La commission de discipline de la LNFA a déclaré ces réserves irrecevables en s'appuyant sur une interprétation erronée de l'article indiqué. L'attendu indique que «le paiement des droits de réserves doit s'opérer au titre de chacun des cinq joueurs ayant fait l'objet de réserves, et ce, par joueur mis en cause». Cette interprétation est un faux ! L'alinéa 4 précise : «30 000 DA par joueur mis en cause». Dans l'esprit du texte et de ses rédacteurs, il n'est nullement fait obligation à celui qui formule des réserves sur la feuille de match de les confirmer sur tous les joueurs signalés. Pourquoi la commission de recours fédéral n'a-t-elle pas relevé cette faute ? Autre grossière falsification et manipulation du règlement. La CD de la LNFA s'est démasquée et totalement disqualifiée en évoquant l'article 93 pour justifier sa décision. Voici ce que dit cet article : «L'inscription sur la feuille de match et/ou la participation d'un joueur suspendu découverte par la LNFA en l'absence de toute réserve est sanctionnée comme suit…» Cette phrase confond gravement la commission de discipline prise en flagrant délit de violation du règlement. Il est expressément souligné dans l'article 93, chapitre infraction découverte par la LNFA, «la participation d'un joueur suspendu découverte par la LNFA en l'absence de toute réserve». La découverte de la suspension du joueur est ultérieure à la formulation des réserves. Donc, la commission de discipline a usurpé le droit. Elle a fait usage de faux caractérisé pour parvenir à ses fins, c'est-à-dire priver l'ESG de son droit. La commission de recours fédéral ne s'est-elle pas rendu compte de ce grave manquement à l'obligation de respecter les règlements ? L'ESG a formulé les réserves le 1er février 2014, bien antérieurement au traitement de cette affaire. Dans un autre de ses absurdes attendus, la commission de discipline culpabilise l'ESG en affirmant : «Une telle pratique de présomption porte atteinte à la sérénité de l'équipe adverse avant le coup d'envoi.» C'est le comble de la bêtise. Il est reproché à l'ESG d'avoir formulé des réserves, c'est-à-dire d'user d'un droit que lui confère le règlement. Renversant. Faut-il rappeler à ces deux commissions l'existence de l'article 136, chapitre responsabilité, qui précise : «Le décompte des sanctions, avertissements ou autres relève de la responsabilité exclusive des clubs.» Le joueur de l'ES Berrouaghia était suspendu pour cumul de cartons jaunes. L'ESG l'a informé de la situation disciplinaire de son joueur et le secrétaire de club (ESB) a contresigné les réserves. Il y a lieu de s'interroger sur cette politique à deux vitesses. Lorsque les règlements sont bafoués, c'est le cas présentement, c'est la crédibilité des instances du football qui prend un sacré coup. Le type de décision rendue dans cette affaire obéit à une logique «bolitique» dont le fondement repose sur la satisfaction des amis et des copains au détriment de l'équité. C'est une forme de violence insupportable. Elle multiplie le sentiment de hogra, provoque les manifestations d'hostilité et participe à la démission qui, en définitive, ouvre la voie à tous les dépassements. La Fédération a intérêt à mettre un terme à ce simulacre de justice et renvoyer chez eux les membres de ces commissions juridictionnelles qui font une lecture bien singulière des règlements. Cette affaire est un autre scandale qui vient grossir un peu plus le cortège du déni et des passe-droits. Honteux !