La commission de discipline de la Ligue nationale de football amateur (LNFA) a une singulière perception des règlements généraux et de leur application. La décision qu'elle a rendue dans l'affaire ES Ghozlane-ESBerrouaghia (DNA, groupe centre) ne laisse aucun doute sur sa partialité dans le traitement de cette affaire. Les faits. Le 1er février 2014, le club souri a formulé des réserves nominales et motivées sur cinq joueurs de Berrouaghia, contresignées par les deux secrétaires et l'arbitre du match. Deux jours plus tard (conformément au règlement), l'ESG a transformé les réserves en réclamation. Sur un plan règlementaire, la ligue devait statuer dans les 48 heures qui ont suivi le dépôt de la réclamation. Elle ne l'a fait que 37 jours après. La décision et les attendus publiés le 12 mars 2014 ont levé le voile sur les raisons du retard mis dans le traitement et la notification de la décision. Le verdict rendu est tout simplement une violation caractérisée du règlement. Au lieu de prononcer la rétrogradation de l'ES Berrouaghia (article 92 des règlements de la compétition) qui a fait jouer un joueur suspendu (durant la phase retour), la commission de discipline a totalement ignoré l'article indiqué pour centrer ses attendus sur l'article 93. Pour rappel, l'ESG a gagné le match sur le terrain et donc ne réclame nullement le gain (trois points) récolté sur la pelouse. Il revendiquait à travers ses réserves l'application de l'article 92. Dans sa décision (inique) la ligue s'est appuyée sur le fait que l'ESG a confirmé ses réserves sur un seul des cinq joueurs signalés sur la feuille de match pour décréter l'irrecevabilité des réserves et s'est appropriée la découverte de la fraude pour «dribbler» le plaignant et débouter sa réclamation. C'est un morceau d'anthologie en matière de dépassement. L'article 84, alinéa 4 cité en référence par la commission pour «valider» sa décision ne précise nullement que l'ESG était obligé de confirmer les réserves sur les cinq joueurs. Il s'agit donc d'une lecture erronée du règlement. L'alinéa 4 cité dans les attendus est sans signification par rapport au verdict énoncé. Les réserves de Sour El Ghozlane sont fondées, recevables et justes. Ce qui n'est pas du tout le cas de l'affirmation de la ligue qui prétend que c'est elle qui a découvert la suspension. C'est une usurpation de la vérité et un grave dépassement de prérogatives. Contacté dimanche par nos soins sur cette scabreuse affaire, le président de la fédération, Mohamed Raouraoua, a manifesté son étonnement quant au retard enregistré dans le traitement de cette affaire et a catégoriquement démenti avoir vu le dossier en question. Juste après, il a pris langue avec le président de la LNFA, Ali Malek, pour s'informer sur cette affaire et demander à ce que le dossier soit déposé à la fédération pour étude. Cette affaire va avoir des conséquences qui seront lourdes pour ceux qui l'ont traité si d'aventure il est prouvé que la décision n'est pas conforme au règlement. Et elle ne l'est pas. Pour beaucoup, «la ligue s'est adonnée à cet exercice pour ne pas appliquer l'article 92 et ses conséquences sur l'ESB». Cette énième affaire relance le débat sur la compétence des hommes qui traitent ces types de dossiers et la crédibilité des structures qui enfreignent leurs propres règlements. Jusqu'à quand ? La fédération doit prendre ses responsabilités par rapport à ces dépassements réitérés de la réglementation pour ceux qui sont censés la respecter et la protéger. Un autre scandale à verser à la longue liste de ceux qui discréditent l'institution du football.