180 logements fictifs ont été attribués par le FNPOS à Skikda l Dix ans durant, l'on continue de chercher un terrain pour un minuscule programme de 180 logements, alors que des dizaines d'hectares ont été bradés au profit des « bébés promoteurs ». Lancé en fanfare, en 2004, le presque insignifiant programme de 280 logements entrant dans la formule du Fonds national de péréquation des œuvres sociales (Fnpos) n'est toujours pas réceptionné dans sa totalité. Seule une centaine de logements a été attribuée en 2010. Le projet des 180 unités restantes n'arrive toujours pas à trouver un terrain d'assiette pour s'y «reposer» après dix années de galère. Pour calmer les ardeurs des 180 malheureux bénéficiaires de ce dernier quota, l'administration du Fnpos avait fini par trouver l'astuce en leur délivrant, en 2010, une notification d'attribution d'un logement et elle est allée jusqu'à leur montrer le terrain devant abriter leurs logements. Quatre années après, les bénéficiaires ne voyaient rien venir. Aujourd'hui ils se demandent si on ne s'était pas joué de leur patience, pour ne pas dire autre chose. «On nous a bien accordé un logement, mais sur papier seulement. Dans la réalité, nous continuons de louer ou d'habiter dans la maison des parents alors que le plus jeune d'entre nous a plus de cinquante ans», rapporte un des citoyens concernés par cette triste réalité lors d'un passage à notre bureau. Mais cette triste histoire ne se limite pas uniquement à cette fameuse notification d'affectation d'un logement. L'histoire est beaucoup plus invraisemblable. Ecoutons les concernés narrer leur triste mésaventure: «Nous avons présenté nos dossiers de candidature en 2004. Quatre années après, en 2008, le Fnpos affiche enfin les listes des bénéficiaires. Nous y figurions. Nous attendrons, malgré nous, deux autres années encore et en 2010, une partie du projet comprenant 100 logements implantés à la cité Zeramna, à la périphérie sud de la ville de Skikda, est réceptionnée. La commission siège et décide, non sans dépassements, d'accorder ce premier quota de 100 logements à une partie des souscripteurs. Pour limiter la casse et ‘Printemps arabe' aidant, on convoque les recalés pour leur annoncer une bonne nouvelle : ‘vous êtes retenus pour le deuxième quota de 180 logements qui seront implantés à la commune de Hammadi Krouma. Pour faire plus vrai que nature, les responsables du Fnpos nous distribuent alors des notifications d'affectation d'un logement.» Et après ? Après c'est le chaos comme le mentionnent les intéressés, qui poursuivent : «Ne voyant aucun chantier s'implanter à Hammadi Krouma comme on nous l'avait promis, nous sommes allés voir les élus de cette commune pour découvrir que l'APC n'a aucun projet Fnpos. Là nous avons commencé à douter. Et alors ? Alors nous sommes allés voir le chef du cabinet de l'ancien wali qui, quelques jours après, nous informera qu'un terrain situé à Msiouèn venait d'être désigné pour abriter nos 180 logements. Notre joie sera de courte durée car les responsables du Fnpos ont jugé que le terrain était trop accidenté.» Et ensuite? «Ensuite, nous sommes revenus au cabinet du wali qui nous informe que, finalement, notre programme allait être réalisé sur un terrain situé juste derrière l'université d'El Hdaïak. Seulement, devant les lenteurs des responsables du Fnpos, le terrain a fini par revenir à l'université. Déçus, nous sommes revenus à la charge et une fois encore, on nous informe au niveau du cabinet du wali qu'un troisième terrain situé non loin de la briqueterie, juste derrière le nouvel hôpital, nous était définitivement alloué. Là encore, le Fnpos met son grain de sable et juge que l'assiette nécessiterait des murs de soutènement, ce qui, à son sens, exigerait des dépenses supplémentaires. Les responsables du Fnpos exigent à cet effet une aide de la wilaya pour consolider le terrain, chose qui ne pouvait se faire.» Et ensuite ? Serait-on encore tenté de dire, «ensuite rien. Ensuite, c'est le black-out et une désolation totale», concluent nos interlocuteurs qui ne savent plus à quel saint se vouer. C'était là l'histoire malheureuse de 180 pères de famille qu'on a usés à coups de promesses. Aujourd'hui, ils pensent sérieusement à créer une association pour défendre leurs droits. Leur venue à notre bureau est déjà prélude à un nouveau combat qu'ils entendent mener contre la «Hogra, le copinage et les passe-droits». C'est aussi l'histoire de Skikda, cette ville où on ne trouve jamais de terrain pour accueillir les logements du petit peuple, au moment où des promoteurs immobiliers jonglent avec des centaines d'hectares du patrimoine foncier de la ville.