Dans le cadre du 52e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, le Mama organise, jusqu'au 5 juillet prochain, une exposition de photographies consacrée aux femmes combattantes algériennes. Intitulée «Les moudjahidate, nos héroïnes», cette exposition de peinture regroupe un peu plus d'une centaine de clichés réalisés pour la plupart en noir et blanc par deux photographes, Nadja Makhlouf et Cherif Benyoucef. C'est devant un nombre impressionnant de moudjahidate et de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, que le vernissage de l'exposition en question a eu lieu, samedi dernier, au Mama. On pouvait apercevoir, entre autres, Zohra Drif, Zoulikha Amirat, Khadidja Belguenbour, ou encore Meriem Benmohamed. L'ambiance était des plus conviviales devant ces mémoires vivantes de l'Histoire. Une halte donc devant l'histoire, le souvenir et la mémoire s'impose en découvrant cette exposition qui se tient au rez-de-chaussée et au premier étage du musée. A travers des portraits grandeur nature, on retrouve des visages fort connus de la Révolution algérienne, à l'image de Nassima Hablal, secrétaire du CCE de l'UGTA, Fatima Ouzegane, coordinatrice des réseaux des Wilayas III et lV, Jeanine Nadjia Belkhodja, gynécologue obstétricienne, Henda, comédienne dans la troupe artistique du FLN, Evelyne Lavalette, agent de liaison chargée de l'hébergement des dirigeants du FLN, Alice Cherki, psychiatre aux côtés de Frantz Fanon. Chaque femme est présentée à travers une photo-miroir de l'époque et une autre photo plus actuelle. Plus de 50 ans séparent les anciennes photos des nouvelles. Ainsi, les deux photographes, Nadja Makhlouf et Cherif Benyoucef se sont armés de leurs boîtiers pour aller à la rencontre de certaines de ces femmes d'exception qui ont combattu pour le recouvrement de l'indépendance de l'Algérie. Réalisatrice et photographe, Nadja Makhlouf a étudié l'image à l'université d'Aix-Marseille. Elle livre pour les besoins de cette exposition une trentaine de photographies argentiques. Elle nous explique en aparté qu'elle a eu envie de réaliser des portraits de femmes algériennes. Elle voulait justement retrouver et rencontrer toutes ces femmes qui avaient participé de près ou de loin à cette guerre. «J'ai découvert avec tristesse qu'elles n'avaient pas eu la place qu'elles méritaient ici en Algérie. Je me suis rendu compte aussi qu'on ne parlait pas ou très peu des femmes qui étaient dans la résistance. Est-ce parce que la guerre est une histoire d'hommes ? L'axe de travail était de raconter les actions de toutes ces femmes qui ont exercé des métiers différents. Au fil des échanges, j'ai découvert avec effroi que les femmes combattantes n'étaient pas toutes sur le même pied d'égalité, que certaines jouissaient d'un statut privilégié, alors que d'autres n'existaient pas dans la mémoire collective. L'ensemble des clichés mettent en exergue les photographies de ces femmes prises à l'époque de la guerre et les portraits d'elles d'aujourd'hui», argumente-t-elle. Pour rappel, Nadja Makhlouf a travaillé sur ce projet depuis trois ans. Il s'agit, en fait, d'une trilogie sur la condition des femmes en Algérie, chacune composée d'une exposition de photographies et d'un film documentaire. Le premier volet, Femmes fatales, met en avant-plan le portrait photographique de certaines femmes kabyles dans l'Algérie d'aujourd'hui, Allah Ghaleb. Le film a décroché le prix du Public lors du festival Regard sur le cinéma du monde, à Rouen en 2012. Le deuxième volet est la présente exposition de photographies intitulée «De l'invisible au visible, moudjahidate, femmes combattantes». Le prochain volet sera consacré aux femmes du désert. Nadia Makhlouf espère toutefois qu'après Alger, son exposition fera d'autres escales à travers le territoire national et à l'étranger. «Il suffit d'y croire», lance-t-elle tout sourire. Même principe adopté par le photographe Cherif Benyoucef, celui d'immortaliser des clichés en noir et blanc de femmes combattantes. Ce dernier est correspondant des agences Gamma et Sygma. Ses photographies sont parues dans les plus prestigieux magazines du monde. Il participe régulièrement à des festivals internationaux de la photographie et expose en Europe.