"El Moudjahidate nos héroïnes", exposition inaugurée samedi au MAMA (Musée public national d'art moderne et contemporain d'Alger) sort de l'ombre "un patrimoine historique en jachère" par le jeu d'une confrontation de clichés actuels et de photos historiques de combattantes de la guerre de libération nationale. "De l'invisible au visible : Moudjahida, Femme combattante" et "La Vie d'un jour", les 2 volets de cette exposition, respectivement signés par les jeunes photographes Nadja Makhlouf et Benyoucef Chérif, sont accompagnés de textes de leur cru et d' analyses de l'historienne Malika El-Korso. En parallèle, des courts métrages donnent la parole à celles qui ont été "omniprésentes" et "de tous les combats" pour finir "oubliées et mises au placard" comme le déplorent les concernées citant la regrettée Zhor Zerari. "Qu'elle soit tisseuse de drapeau, infirmière, soldate, manifestante, agent de liaison, gynécologue, psychiatre , poseuse de bombe, institutrice , cuisinière, dactylo...je ne voulais faire aucune différence entre ces différentes fonctions" indique Nadja Makhlouf auteur d'une galerie de portraits où des femmes-enfants en treillis, gandouras paysannes ou jupettes plissées, mobilisées sur toutes les lignes de front, rejoignent celles qu'elles deviendront quelque 50 années plus tard, imposantes grand-mères au passé évanescent. -- "Nadrab Stampa oua n'jib El-hourriya" (L'indépendance grâce à la machine à écrire)-- La contribution multiforme des femmes à la révolution, révélée par les deux artistes est magistralement illustrée par les photos de la regrettée Boudjemma Kheira, "courrier" à l'âge de 12 ans et dactylographe du FLN historique à 14 ans qui semble surgir de la célèbre chanson patriotique "Ana louliya"(Moi, la jeune fille), "Nadrab Stampa oua N'jib el-hourriya",qui souligne l'inestimable travail de propagande réalisé par de jeunes militantes venues de tous horizons. Benyoucef Chérif, révèle pour sa part, à partir d'immenses portraits actuels en noir et blanc juxtaposés aux montages tout en mouvement et couleurs de photos prises durant les années de braise, la persistance, à des décennies d'intervalles, chez tous ses modèles, d'un regard, direct, hardi et tranquille qui exprime tout le courage du monde. Point d'orgue à cette exposition hommage , l'émouvante dernière lettre que Hassiba Ben Bouali, martyre de la bataille d'Alger, adresse à ses parents le 15 septembre 1957, extraite des archives de l'armée française par Malika El Korso, est distribuée au public.