Décédé le 22 mars à l'âge de 62 ans, Jean-Luc Einaudi, militant et auteur du retentissant La Bataille de Paris. Le 17 octobre 1961 (paru en 1991 aux éditions le Seuil) a reçu un hommage à la hauteur de ce qu'il était et représentait pour ses amis, ses proches et ceux dont il a porté la voix et la cause, les victimes des massacres du 17 Octobre 1961. La salle de la Coupole du crématorium du cimetière Père Lachaise, à Paris, n'a pu contenir la foule très nombreuse d'Algériens et de Français qui l'ont accompagné à sa dernière demeure, vendredi après-midi. Parmi les personnalités, responsables associatifs et intellectuels les historiens Gilles Manceron, René Galissot, Mohammed Harbi, le journaliste et cofondateur du site Médiapart Edwy Plenel, le coprésident du MRAP et avocat, Pierre Mairat, le président de l'association Au nom de la mémoire et cinéaste Mehdi Lallaoui, l'écrivain Didier Daeninckx, Henri Pouillot (président du Collectif 17 Octobre 1961), l'ambassadeur d'Algérie et des consuls et représentants consulaires d'Ile-de-France, des anciens responsables de la fédération de France du FLN. Les nombreux témoignages ont tous relevé la force de conviction, l'intégrité et la rigueur intellectuelle de l'éducateur de jeunes en difficulté, de l'historien atypique, du militant anticolonialiste et antiraciste. Le 17 octobre 1961, Jean-Luc Einaudi, dont la famille habitait Alfortville, une banlieue ouvrière de la région parisienne, était en CM2. «L'Algérie, les Algériens faisaient en quelque sorte partie de mon enfance», écrivait-il. Dans une lettre qu'il écrit d'Alger, le 18 septembre 1987, à Christine, qu'il venait de rencontrer et qui deviendra son épouse, il affirme : «J'ai redécouvert la gentillesse du peuple algérien… Dans la rue, dans le train je n'ai jamais ressenti d'hostilité, au contraire, si les Français pouvaient s'en inspirer un peu.» Dans une autre lettre d'Alger, le 25 septembre 1987 : «Parfois je me demande ce que je fais là, à chercher à nouer des fils. Qu'est-ce qui me fait courir ?» Et comme pour répondre à cette interrogation, ce témoignage de M'hamed Kaki, président de l'association culturelle Les Oranges de Nanterre : «Tu nous regardais avec ton beau regard qui nous rendait fiers du combat de nos parents. Tu es devenu le frère algérien.» Et selon l'ambassadeur d'Algérie, Amar Bendjama, «Jean-Luc Einaudi incarnait la France que nous aimons, que nous respectons». Jean-Luc Einaudi laisse une épouse, Christine, une fille, Elsa, et de nombreux amis éplorés.