Quelle piètre image l'Algérie renvoie-t-elle d'elle-même vis-à-vis de l'extérieur avec le phénomène de la corruption qui a atteint des proportions alarmantes ! Les scandales qui ont éclaboussé le système bancaire avec l'affaire Khalifa et les autres banques commerciales privées qui sont tombées également dans les rets de la justice ne sont que la partie visible de l'iceberg. On savait que les niches de la corruption sont partout et que le système du « bakchich » est devenu presque une règle qui n'émeut plus personne, mais on était loin d'imaginer que l'Algérie n'avait rien à envier à certains pays africains, arabes ou d'Amérique latine où la corruption est devenue un mode de gestion et de gouvernement. Dans certains cas, il faut bien l'admettre, lorsque les portes du droit sont hermétiquement fermées et que pour se faire délivrer parfois un banal document administratif ou avoir accès à un service public, il faut passer à la caisse et payer l'agent ou le fonctionnaire véreux, la corruption devient presque une fatalité à laquelle les citoyens finissent bien par se résigner. Les premières révélations sur l'affaire Khalifa qui filtrent depuis quelques jours dans la presse montrent de manière tragique que le mal de la corruption est plus profond encore qu'il n'y paraît. Ce fléau trouve sa source au sommet même des structures de l'Etat et de ses représentants dans la sphère économique ainsi qu'au sein de l'administration qui tire sa toute puissance du centralisme bureaucratique qui fonde son fonctionnement. La liste non exhaustive des directeurs d'entreprises et fonctionnaires de l'Etat cités dans la presse lesquels ont bénéficié de prébendes de la part de Moumène Khalifa sous forme de véhicules, de prêts bancaires à taux préférentiels, de titres de voyages et autres largesses n'est que le reflet d'un système bâti sur l'enrichissement rapide, facile et illicite. L'impunité qu'offraient les lois et règlements du pays jusqu'à ces toutes dernières années aux corrupteurs et aux corrompus de tout poils a permis à ce mal de se distiller et de se propager dans le corps social avec une facilité déconcertante. Le contrôle a priori et posteriori des affaires publiques n'a jamais été réellement exercé avec toute la rigueur exigée par une gestion transparente et moderne du système économique et financier du pays. Que l'on en juge : rien qu'au niveau de deux banques publiques : la BNA et la Badr, le montant cumulé des détournements avoisine les 3500 milliards de dinars, soit environ 500 milliards de dollars US. La solution dit-on est dans la moralisation des affaires publiques. Le problème, c'est qu'il n'existe pas une volonté politique clairement affirmée pour un assainissement au sommet de l'Etat. Un escalier se nettoie par le haut.