Nous, enseignants et chercheurs en sciences humaines et sociales, sciences politiques et de l'information, langues étrangères, profondément choqués et scandalisés par l'interpellation et la présentation devant les instances judiciaires de nos collègues représentants du CNES des régions Ouest, Centre et Est, rappelons aux autorités de ce pays que la responsabilité du mouvement de grève incombe moralement et juridiquement aux enseignants qui, dans la plupart des établissements universitaires, se sont réunis en assemblées et ont voté librement à bulletin secret leur volonté de déclencher un mouvement de grève pour soutenir les revendications avancées par le CNES. Les délégués du CNES interpellés dans des conditions dignes d'un Etat policier ne sont pas les incitateurs du mouvement de grève mais les porte-parole de leurs collègues qui les ont dûment mandatés pour négocier avec la tutelle. Par conséquent, nous nous sommes tous, nous qui avons déposé notre bulletin dans l'urne et signé les procès-verbaux, incités nous-mêmes à une grève déclarée illégale par l'appareil judiciaire. Ce sont des centaines et des centaines de professeurs, maîtres de conférences, maîtres-assistants chargés de cours, assistants dont les noms figurent dans les procès-verbaux du scrutin exprimé qui devraient être braqués par la police, dans la rue, à la sortie de leur université, devant leurs étudiants ou même dans leur domicile pour déconsidération d'une décision de justice. Par cette déclaration, nous dénonçons l'instrumentalisation de la justice par le pouvoir exécutif pour tuer dans l'œuf toute velléité des travailleurs de ce pays de défendre leurs intérêts légitimes par des voies pacifiques et dans des formes tout à fait légitimes. Nous exprimons notre volonté de rester mobilisés pour soutenir nos collègues maintenus sous contrôle judiciaire et nous nous réservons d'engager toute action que nous considérerons appropriée en cas de maintien des sanctions administratives ou judiciaires contre nos collègues représentants du CNES Ouest, Centre et Est. - Premiers signataires Daho Djerbal, Messaoud Lekouaghet, Yasmina Chaïd-Saoudi (histoire) ; Nasser Djabi, Fatima Oussedik, Madani Sfar-Zitoun Mohammed Benguerna, Zoubir Arous, Mustapha Madi (sociologie) ; Louisa Aït Hamou, Mounia Rebaïne, Nadia Mahrour, Safia Cherchali, Zhor Charefeddine, Yamina Deramchia (langues) ; Rachid Tlemçani, Mohammed Hachemaoui (sciences politiques) ; Cherifa Bouatta (psychologie), Amor Khelif (sciences économiques).