La grève des enseignants du supérieur est toujours observée par la majorité des établissements du pays. Hier, deuxième jour du mouvement, certains campus étaient « livrés » aux étudiants. Fleuron du secteur, l'Ecole nationale d'architecture et d'urbanise (EPAU) accusait un taux de suivi de 75%, selon le responsable de la section locale du CNES. Les étudiants, s'ils disent « comprendre » les préoccupations de leurs professeurs (grévistes), affichent d'autres inquiétudes, à savoir « passer au plus vite leurs examens ». La même tendance était perceptible à l'Institut national d'agronomie (INA). « La grève se poursuit même si elle a fait l'objet d'une annulation par la justice », nous a signalé le secrétaire général de la section CNES. Statuant en référé, la justice, pour rappel, avait annulé la grève à laquelle a appelé le CNES du 13 au 20 mai. Si la coordination nationale du syndicat s'est pliée à cette décision, nombre de sections locales, notamment à l'ouest et au centre du pays se disent « déterminées » à poursuivre le mouvement. Cette situation n'a pas été sans créer une rupture entre la base et le sommet du CNES. Ce qui a amené des sections locales, qui considèrent que la « souveraineté » reste du ressort des assemblées générales locales, à retirer leur confiance à Ali Boukaroura, coordinateur national. Contacté, M. Boukaroura estime qu'il est toujours le premier responsable du CNES n'ayant à obéir, dit-il, qu'au conseil national. « Je me conforme au règlement intérieur régissant notre organisation. Nos textes stipulent que le conseil national est habilité à prendre des décisions qui vont dans le sens de l'intérêt de la profession. Nous avons respecté la décision de justice, nous conformant ainsi aux lois de la République. Certaines sections locales ne l'entendent pas de cette oreille. Si elles veulent faire de la politique, qu'elles la fassent ailleurs », ajoutera-t-il, en faisant allusion à la « dissidence », désormais affichée par les coordinations régionales ouest et centre du CNES. M. Boukaroura se dit par ailleurs favorable à la tenue d'un conseil national extraordinaire, une demande exigée par les deux coordinations en question. « Je suis prêt à la convoquer le plus tôt possible. Sauf qu'avant sa tenue, il y aura des mesures disciplinaires à prendre contre certains membres qui se sont autoproclamés comme porte-parole du CNES », tranche-t-il en allusion aux deux coordinateurs, du centre et de l'ouest du syndicat. Notons que le mouvement de protestation d a été largement suivi à Sidi Bel Abbès, hier, à travers les six facultés de l'université Djillali Liabès, a indiqué Mustapha Mechab, coordinateur de la région ouest. La coordination et la gestion du mouvement de protestation face au « forcing » des pouvoirs publics constituent, selon lui, une priorité pour toutes les sections CNES du pays. N'écartant pas l'hypothèse de négociations « souterraines » entre les représentants du ministère et Ali Boukaroura ayant abouti à un revirement de la part du conseil national, M. Mechab évoque une tentative de blocage du fonctionnement du CNES. Par ailleurs, Les enseignants du département d'histoire, Faculté des sciences humaines et sociales, Université d'Alger-Bouzaréah ont voté une déclaration dans laquelle il précise que « la décision irresponsable prise par le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) portant annulation du mot d'ordre de grève nationale décidée par vote à la majorité des voix dans l'ensemble des établissements du supérieur, apportons notre soutien aux enseignants grévistes à l'échelle nationale et maintenons notre décision prise le 17 avril 2006 par plus de 90 % des concernés de suivre le mot d'ordre de grève. Nous exigeons de nos représentants de revenir à la base qui les a mandatés afin de préserver notre unité et éviter toute initiative prise par certains éléments tendant à créer le trouble dans les esprits et diviser les rangs des enseignants. Nous leur demandons également de reconsidérer la composante du conseil national afin que les membres hésitants soient remplacés par ceux qui sont prêts à assumer et appliquer les décisions de la base qui les a mandatés et qu'ils sont censés représenter. D. Z., M. A.