Cinq personnes assassinées avant-hier vers 16h30, deux véhicules calcinés et deux survivants, tel est le bilan d'une embuscade tendue par un groupe de six personnes vêtues de treillis au niveau du lieudit Agni, sur la route de Tabaïnet, à l'intérieur du flanc de la montagne de Chréa, lieu éloigné de 13 km de l'axe Blida-Chréa. Les frères Berdaoui, Mohamed 84 ans, et Belkacem 68 ans, Ouedji Omar 38 ans, Aïssa Salah 30 ans, et son frère Ahmed 10 ans, ont été tués par balle avant d'être égorgés et brûlés. Les corps calcinés seront retrouvés par les unités de l'ANP alertées par un des deux survivants du massacre qui avait couru à travers les bois pendant que l'autre était resté caché, terrorisé par l'ampleur du massacre. Les membres des familles des victimes parleront du retour progressif à leurs terres afin de les travailler. « C'est plus un amour de la terre natale qu'une idée de rentabilisation des lieux puisque le travail de toute une année ne nous permettrait pas de vivre un mois », s'exclame une des personnes au visage émacié. Maintenant, il n'est plus possible de faire confiance. Regarder du côté de la montagne à partir du douar Ouled Yaïche - pour faire la différence avec la commune du même nom - permet d'apprécier l'immensité des lieux et le respect dû à la grandeur de cette terre nourricière. « On ne doit pas dire ‘‘hommes'' mais ‘‘sauvages'' pour cataloguer ces animaux qui ont osé s'attaquer à des vieux et un enfant », s'exclamera au bord des larmes un autre membre des familles des disparus et qui attendait hier à 11h la remise des corps au niveau de la morgue du CHU Frantz Fanon. Un semblant d'animation avait été senti ces derniers mois sur les flancs de la montagne avec l'installation de ruches, une présence permanente de l'une ou de l'autre des familles montagnardes ; les arbres fruitiers commençaient à exposer leur production sur les étals de quelques ruelles commerçantes de Blida et Ouled Yaïche. Chercher à savoir qui peut tirer les bénéfices du retour de l'insécurité est une question importante surtout que les services chargés de la lutte contre le terrorisme ont acquis suffisamment d'expérience pour éviter à la région des scènes d'horreur connues par le passé. « Nous n'aurons peut-être pas la joie de voir défiler de longues processions de familles dans les montagnes de Blida », dira un homme surpris de voir autant de monde devant les accès de la morgue du CHU de Blida.