La visite que vient d'effectuer Sid Ahmed Ferroukhi, le ministre de la Pêche, n'a pas dissipé les craintes des professionnels du secteur qui s'étaient organisés pour l'accueillir afin de lui faire part de leurs contraintes et de lui réitérer leurs doléances en matière de fiscalité et d'assurance aux personnes. Arrivé dimanche sur le site romain de Kharbette, le ministre a donné son accord pour la construction d'un abri-pêche. Au niveau du port de Sidi Lakhdar, qui a la particularité de disposer à l'année d'une entreprise de dragage chargée de veiller à maintenir la «passe» sous perfusion par le pompage des énormes bancs de sable qui viennent régulièrement en boucher l'accès, le ministre a proposé la perpétuation du dragage. Avec les marins pêcheurs de Stidia, le ministre a confirmé la construction d'un hangar pour y abriter des cases où la soixantaine d'artisans pourront enfin déposer leurs équipements, invitant les responsables locaux à céder une bâtisse communale dans l'attente de la construction du hangar. L'université de Mostaganem, par la voix son recteur, a présenté à la délégation le projet de centre de recherche en aquaculture qui sera bientôt érigé à proximité de la plage de Stidia, sur un site de 4 hectares. Les responsables universitaires ont souligné que ce centre, qui coûtera plus de 400 millions de dinars, permettra de mettre sur le marché des quantités appréciables d'alevins mais également de bivalves et autres poissons qui seront élevés et grossis au niveau de la quarantaine de bassins du centre. L'intrusion de l'université dans la production et la commercialisation aura surpris par son côté innovateur, au point que des responsables se sont demandé si la réglementation permettait ce genre de prestations qui sont codifiées par un décret vieux de plus de 20 ans et qui sont parfaitement budgétisées dans la «section 3» du budget de fonctionnement des institutions publiques, plus particulièrement les centres de recherche et les universités. Curieusement, ce sont les pêcheurs de Stidia qui ont été les plus prompts à manifester leur totale adhésion à ce projet qu'ils pourront accompagner par la fourniture de géniteurs. Sans doute briefé par son représentant local, le ministre a fait allusion à la surface du centre, comme si c'était la question vitale, laissant de côté les volets transferts de technologies, vulgarisation, accompagnement et recherche dont devrait tirer avantage son secteur. Pourtant, il est de notoriété publique que ce terrain avait été affecté à un opérateur pour y ériger une ferme aquacole et que, depuis une décennie, le projet est resté dans les boîtes. Et c'est cette même direction de la pêche qui a refilé l'encombrant dossier à l'université pour y ériger ce projet novateur. Depuis que ce dossier a pris forme, son assiette fait l'objet de convoitises ouvertes de la part de l'administration pour des raisons inconnues. Sans doute que le site qui enjambe le méridien de Greenwich aura acquis une attractivité qui cache mal la voracité de certains pseudo investisseurs qui se recrutent dans la sphère de la mouvance islamiste. Menée au pas de course, la visite a laissé un arrière-goût de campagne électorale déguisée. Très pragmatiques, les artisans pêcheurs n'ont pas été dupes. Leurs représentants ne se font aucune illusion.