Le recours aux machines pour la confection de différents objets a réduit à néant ce qui restait du savoir-faire des vrais artisans. Le printemps des Thermes de l'artisanat à ouvert ses postes lundi passé à Hammam Debagh et se poursuivra jusqu'au 3 avril en cours. Cette troisième édition consécutive organisée par la Chambre de l'artisanat et des métiers de Guelma, dans cette région touristique par excellence de la wilaya, a vu la participation de 135 artisans venus exposer leurs produits. Trente-cinq (35) wilayas y sont représentées. En effet, il y avait foule à Hammam Debagh où les visiteurs ont eu tout le loisir de voir une large panoplie des produits artisanaux issus du terroir. Maroquinerie, dinanderie, poterie, bijoux, pâtisserie, textiles, etc. Mais l'œil averti de certains visiteurs a fait mouche. «Très peu d'artisans ont façonné de bout en bout leur produits à la main», fait-on remarquer. En effet, l'introduction des machines via les dispositifs d'aides (Cnac, Ansej, Angem), a finalement réduit à néant le peu de savoir-faire des jeunes et moins jeunes. «Le métier d'art est une technique essentiellement manuelle, exercée par un professionnel hautement qualifié», nous dit-on. Ainsi au gré des stands, le constat est amer : les produits exposés sont beaucoup plus issus d'une manufacture que d'une échoppe d'artisan. A titre d'exemple, le travail du bois est grossier ou l'on verra même des serrures de porte made in China sur des coffrets à bijoux au stand de Tizi Ouzou. Des sacs à bandoulière, en peau de chameau, mais avec une fermeture éclair cousue à la machine, sont exposés du côté de Jijel. La dinanderie de Constantine n'est pas en reste, puisque aucune pièce, bien qu'en cuivre, n'a été ciselée à la main. «Que voulez-vous, les motifs sur les plateaux d'aujourd'hui sont pressés à la machine», nous avouera un exposant. Les wilayas du sud du pays ont apporté, elles aussi, leur lot, de «modernité». Les alliages d'autrefois, utilisés dans le façonnage des bijoux, a laissé la place à des métaux plus brillants les uns que les autres, et même les cuirs sont mêlés au plastique… et nous en passons ! Connue pour le corail, la wilaya d'El Tarf, et plus précisément la ville d'El Kala, se targue d'avoir les meilleurs artisans bijoutiers spécialisés dans le domaine. Mais il y a toujours un hic : si les mains expertes existent, le produit fait cruellement défaut. Dans ce contexte un artisan nous déclare: «Nous travaillons essentiellement le corail saisi par les services de sécurité, une aberration qui en dit long sur notre métier ! Nous sommes contraints d'attendre une vente aux enchères pour pouvoir travailler, sinon nous chômons.» Quoi qu'il en soit, officiellement, le printemps des Thermes de l'artisanat de Hammam Debagh, est une réussite. A ce sujet, Merzoug Mohamed-Fethi, directeur de la Chambre de l'artisanat et des métiers de Guelma, nous déclare : «Pour cette édition 2014, nous avons reçu 135 exposants entre artisans et associations issus de 35 wilayas. Ce nombre est bien supérieur aux deux premières éditions. En 2012 nous avons eu 72 participants de 19 wilayas et en 2013 le chiffre a augmenté avec 28 wilayas pour 80 participants.»