Avec pas moins de 120 000 habitants et une superficie de 29 000 km2, la commune de Réghaïa est sur des charbons ardents, selon les dires d'Ahmed Makhloufi, élu chargé des affaires sociales et culturelles. « Les préoccupations des citoyens n'intéressent personne au sein du conseil communal. Même le wali délégué de la circonscription administrative de Rouiba ne s'y intéresse pas », ajoute notre interlocuteur. Pour preuve, affirme-t-il, les projets d'intérêt général, à l'arrêt depuis 2002, sont relégués aux calendes grecques. Cet élu, au centre d'une tentative de limogeage fomentée, d'après lui, par le wali délégué, énumère une multitude de projets en stand-by. La salle omnisports, ayant ingurgité 1,5 milliard de centimes, est à l'arrêt depuis 2003. La bibliothèque communale, qui a coûté 800 millions de centimes, est également abandonnée. Idem pour l'école Chebcheb ou bien les trois marchés de proximité qui sont à l'état de plateforme. Ces marchés, financés à hauteur de 500 millions de centimes (par marché) par l'Apc et le même montant par la wilaya et qui devaient être réceptionnés en mars dernier, selon les recommandations du wali d'Alger, sont actuellement abandonnés. Pis, ils sont transformés en décharge publique devant la paresse du staff communal. Notre interlocuteur ira plus loin en attestant qu'une plateforme (arrêt de bus) à la cité des 216 Logements aurait coûté... 545 millions de centimes. « Les élus du peuple n'ont d'autre soucis que le retrait de confiance. Et cela dure depuis juin 2003. Aucun élu n'a apporté aide et assistance aux sinistrés du seisme de mai 2003, alors que 627 personnes sont décédées et des milliers de familles sinistrées. Au contraire, ils se sont réunis pour un retrait de confiance le 15 juin 2003 soit 13 jours après le tremblement de terre », atteste notre interlocuteur qui ajoute qu'il y a des élus qui veulent profiter de la fin de l'actuel mandant pour « dilapider les deniers publics et régler leurs affaires ». A contresens des décisions du wali Le wali délégué de la circonscription administrative de Rouiba vient d'aller à contresens d'une décision du wali d'Alger en sommant le P/Apc de Réghaïa de procéder à un changement au niveau du staff exécutif de l'assemblée communale. Dans une correspondance n°885/2006 en date du 3 juin qu'il a adressée au premier magistrat de la commune, le wali délégué somme le maire de procéder au changement du staff sous motif que la délibération n°574 envoyée le 30 avril dernier a été approuvée par le DAL (directeur de l'administration locale) alors que ce dernier a, selon un document n°146/2006 en date du 17 mai dernier désapprouvé la délibération sous motif qu'il faut distinguer entre les procès-verbaux (PV) de réunions et les délibérations. D'ailleurs, même le chef de cabinet du wali délégué est allé, dans sa lettre dans ce même sens, dans une lettre qu'il a adressée au P/Apc de Réghaïa sous le n°1498 en date du 23 mai 2006. Le hic dans cette affaire, c'est que l'élu choisi pour occuper le poste de vice-président est actuellement poursuivi en justice pour... atteinte à la propriété d'autrui, délit réprimé par l'article 386 du code pénal. Des lots de terrain et des logements auraient été distribués par le mis en cause. Le procureur général de la cour de Boumerdès, qui a réclamé trois années fermes, avait introduit une cassation. L'affaire a été reportée au 4 juillet prochain. La loi 90/09 relative aux communes, principalement ses articles 32 et 33, stipulent qu'en cas de condamnation par la justice, l'élu est relevé de ses fonctions par le wali. « J'ai demandé, à cinq reprises, une audience au wali délégué mais ce dernier refuse de me recevoir. Si j'ai commis des fautes de gestion qu'il me poursuive en justice. Mais il n'a aucun droit de me relever de mes fonctions », conclut Ahmed Makhloufi. Toutes nos tentatives de joindre le wali délégué de Rouiba sont restées vaines. « Il est absent Monsieur », nous a répondu, hier, sa secrétaire.