C'est suite à des pressions de la part du wali délégué de la circonscription administrative de Rouïba que les Assemblées populaires communales de Réghaïa, Rouiba et Heuraoua ont délibéré, apprend-on de source au fait du dossier, afin d'écarter des élus du mouvement El Islah des postes de vice-présidents au sein de ces APC. Il s'agit, ajoute-t-on, de deux vice-présidents chargés des affaires sociales et culturelles des communes de Réghaïa et Heuraoua ainsi qu'un vice-président chargé des affaires techniques à Rouiba. D'après Ahmed Makhloufi, élus chargé des affaires sociales et culturelles à Réghaïa et victime d'une tentative d'éviction « sans aucun motif », tout a commencé suite à la derrière session de l'APW où le wali délégué de Rouiba n'a pas été ménagé par les élus APW du FFS et d'El Islah. « Les élus ont exigé que toute la lumière soit faite sur le projet de réalisation du siège de la daïra de Rouiba. Un projet qui devait coûter 8,5 milliards de centimes mais qui aurait englouti pas moins de 14 milliards de centimes », a attesté notre interlocuteur. Inauguré par le président de la République, lors de sa tournée du 8 avril dernier, ce projet est, selon les élus APW, entaché d'irrégularité. Contrairement au code des marchés publics, il a été fractionné en tranches et attribué à pas moins de 44 entreprises. Cette pratique a permis de contracter des marchés de gré à gré. Une manière illégale qui a suscité la grogne des élus de ces deux formations politiques. Mohand Arezki Ferrah, élus FFS à l'APW, proposera même une commission d'enquête à ce sujet, conformément à l'article 57 du code de wilaya. C'est suite à ce déballage, affirme M. Makhloufi, que le wali délégué a mis la pression sur les P/APC afin de procéder au limogeage des élus El Islah de la gestion communale. Rejetée en date du 17 mai 2006 sous le motif qu'il faut distinguer entre les procès-verbaux (PV) des réunions et les délibérations, la délibération n° 25/2006 du 22 avril 2006, portant changement de l'exécutif au sein du conseil communal de Réghaïa, aurait été approuvée par le directeur de l'administration locale (DAL), Ahmed Belhadad, en date du 19 juin 2006 sous le n° 200, selon un document en notre possession. Le DAL a apposé la motion « lu et approuvé » sur cette délibération. Enigmatique substitution à Reghaïa Sauf que cette procédure, selon Makhloufi, est entachée d'irrégularité puisque la délibération a été amputée des interventions des élus frondeurs qui ont fait savoir que l'élu désigné au poste de vice-président a été condamné par le tribunal de Boumerdès à une année de prison avec sursis pour atteinte à la propriété d'autrui, délit réprimé par l'article 386 du code pénal. Des lots de terrain et des logements auraient été distribués par le mis en cause, élu sur la liste MSP, lors du mandat précédent. Le procureur général de la cour de Boumerdès, qui avait introduit une cassation, a réclamé trois années de prison ferme. L'affaire se poursuivra aujourd'hui même à Boumerdès. Les articles 32 et 33 de la loi relative aux communes stipulent clairement qu'en cas de condamnation par la justice, l'élu est relevé de ses fonctions par le wali. M. Makhloufi, qui a rejoint le camp des redresseurs du FLN en juillet 2003 en optant pour le candidat Bouteflika, a affirmé que le DAL a été sous de fortes pressions pour avaliser ce changement de l'exécutif en dépit de la décision de justice. « J'ai personnellement rencontré M. Belhadad a qui j'ai remis le jugement de la justice concernant l'élu désigné. Le DAL m'a signifié qu'il était désolé pour moi et qu'il ne pouvait rien faire. Il m'a répondu qu'il subissait une pression terrible de la part de hauts responsables », affirme notre interlocuteur. Nous avons tenté, en vain, de joindre le wali délégué de la circonscription administrative de Rouiba pour avoir sa version.