Avec ses 120 000 habitants, la commune de Réghaïa, dont la superficie avoisine les 29 000 ha, est sur un charbon, selon l'expression d'Ahmed Makhloufi, élu chargé des affaires sociales et culturelles. « Les préoccupations des citoyens n'intéressent personne au sein du conseil communal. La preuve, on sait que rien n'a été fait depuis 2002, même pas un dos d'âne. Il n'y a eu que du bricolage », affirme notre interlocuteur. Munis de documents, l'élu déclare que l'écrasante majorité du conseil communal n'a d'autre souci que le retrait de confiance à sa personne, et ce, sans le moindre motif : « Il y a des élus qui veulent profiter de la fin de l'actuel mandat pour dilapider les deniers publics et régler leurs affaires. D'autres, condamnés par la justice pour dilapidation de deniers publics lors du mandat précédent, tentent de revenir aux affaires de la cité après quatre années d'absence sur le terrain », atteste notre interlocuteur qui nous cite la loi 90/09 relative aux communes, principalement ses articles 32 et 33 qui stipulent qu'en cas de condamnation par la justice, l'élu est relevé de ses fonctions par le wali. Ahmed Makhloufi ira plus loin en révélant qu'aucun élu n'a apporté aide et assistance aux sinistrés du tremblement de terre de mai 2003, alors que 627 personnes sont décédées et des milliers de familles sinistrées. « Aucun élu du conseil communal n'a jugé utile de lever le petit doigt. Au contraire, ils se sont réunis pour un retrait de confiance le 15 juin 2003 soit 13 jours après le tremblement de terre », déclare l'élu ajoutant qu'en l'espace de quatre années, pas moins de six délibérations de retrait de confiance ont été rejetées par la tutelle puisque « vide de sens et ne contenant aucun grief ». « J'ai refusé et je continue de cautionner des dossiers de détournement de foncier. C'est pour cette raison que je suis devenu persona grata au sein de cette assemblée », affirme notre interlocuteur. La réunion, tenue le 4 décembre 2005, et qui a opposé le wali délégué de Rouiba aux élus de l'Apc de Réghaia n'a rien apporté de nouveau. « Au cours de cette réunion, le wali délégué a confié des tâches à chaque élu afin de prendre en charge les préoccupations de la population locale. Mais force est de constater que six mois après, rien n'a été fait et les citoyens continuent de protester au siège de la commune afin d'exposer leurs problèmes. » Notre interlocuteur énumère des projets qui restent toujours bloqués comme la bibliothèque communale, la salle omnisports ou encore la route menant au centre-ville qui s'est de plus en plus détériorée. La prolifération des cités-bidonville où une maffia locale a fait main basse proposant des baraques à 15 et 20 millions de centimes ou encore le commerce informel qui a pris des proportions inquiétantes aux quatre coins de la ville n'ont pas inquiété outre mesure les élus locaux. L'élu chargé des affaires sociales et culturelles interpelle le wali d'Alger afin d'intervenir et de diligenter une commission d'enquête. Toutes nos tentatives de joindre le P/APC sont restées vaines.