Les déficits dans lesquels s'embourbent l'Algérie, l'Iran, l'Irak, la Libye et le Bahreïn vont crescendo et menacent les équilibres budgétaires de ces Etats qui ne tiennent désormais qu'au seul fil de la rentabilité du baril de pétrole. L'Institut de la finance internationale (IFF) vient de mettre en garde cinq pays exportateurs de pétrole de la région MENA contre la hausse de leurs déficits budgétaires. Les déficits dans lesquels s'embourbent l'Algérie, l'Iran, l'Irak, la Libye et le Bahreïn vont crescendo et menacent les équilibres budgétaires de ces Etats qui ne tiennent, désormais, qu'au seul fil de la rentabilité du baril de pétrole. Cette année encore, les cinq pays s'acheminent droit vers des déficits importants, alors que les prix du pétrole évoluent même au dessus de la barre des 100 dollars le baril, pronostique l'association des grandes banques et institutions financières mondiales, dans une analyse qui vient d'être diffusée. Le seuil de rentabilité du pétrole pour ces pays se fragilise. L'équilibre budgétaire de ces Etats n'est possible qu'avec un baril dont le prix est supérieur à 110 dollars, 120 dollars, voire 145 dollars pour le cas de l'Iran. Pour 2013, le déficit budgétaire de l'Algérie est évalué à 2310,4 milliards de dinars, soit l'équivalent de 29 milliards de dollars (sur la base d'un taux de change officiel moyen de 79,38 DA pour un dollar) ; il a été couvert à hauteur de 92,3% par des prélèvements sur le Fonds de régulation des recettes (FRR), selon les données de la Direction générale du Trésor (DGT). La hausse effrénée des dépenses publiques a été à l'origine du déficit. L'IFF, par la voix de George Abed, conseiller principal et directeur de son département Afrique et Moyen-Orient, estime que «la montée en flèche des dépenses publiques a entraîné une pression constante sur le budget de certains Etats, ce qui expose les perspectives budgétaires à certains risques en cas de crise durable sur le marché du pétrole». Une énième mise en garde adressée aux pays exportateurs de pétrole de la région MENA, dont l'Algérie qui ne cesse de se voir épinglée par les institutions financières internationales quant à la gestion hasardeuse et imprudente de ses avoirs. Le seuil de rentabilité du prix du baril de pétrole pour le Bahreïn est estimé à 120 dollars, 145 dollars pour l'Iran, tandis que l'émirat d'Abu Dhabi parviendrait à soutenir son budget, à terme, avec un baril à 95 dollars, bien que cet émirat soit en excédent budgétaire pour le moment. Les dépenses budgétaires des pays exportateurs de pétrole ont évolué à 11% en moyenne annuellement ces dix dernières années, fait constater l'IFF dans son analyse.Les gouvernements de ces pays sont sous pression croissante, d'autant que les marchés du pétrole sont appelés à connaître de nouveaux fournisseurs, et non des moindres, à l'image des Etats-Unis. Les études les plus sérieuses, dont celles provenant du Fonds monétaire international (FMI) prévoient une chute inévitable des prix du pétrole dans les années à venir pour s'établir, en 2019, à 84,40 dollars le baril. Depuis la crise de 2012, les Emirats arabes unis ont adopté une politique de contrôle de leurs dépenses. Dans la foulée de la hausse des salaires et des subventions, le gouvernement fédéral des EAU a dû soutenir Dubaï en mobilisant 20 milliards de dollars. L'Arabie Saoudite, quant à elle, s'est mise dès cette année aux travaux pratiques d'une politique budgétaire plus prudente, ce qui a déjà ralenti la croissance de ses dépenses de 4,3%. L'Algérie, elle, est le plus mauvais élève en matière de gestion et de contrôle des dépenses publiques. Le rythme actuel de ces dépenses n'est plus soutenable, même avec un prix de 140 dollars le baril de pétrole. Les équilibres budgétaires sont rompus depuis maintenant plusieurs années.