Placée sous le slogan, «Petits mais dangereux», l'Organisation mondiale de la santé consacre cette année la Journée mondiale de la santé, qui se tient le 7 avril, à la menace de plus en plus grande que représentent les maladies à transmission vectorielle. Plus de la moitié de la population mondiale est exposée à des maladies comme le paludisme, la dengue, la leishmaniose, la maladie de Lyme, la schistosomiase ou la fièvre jaune, qui sont véhiculées par des moustiques, des mouches, des tiques, des gastéropodes et d'autres vecteurs. «Chaque année, plus d'un milliard de personnes sont infectées et plus d'un million meurent de maladies à transmission vectorielle», signale l'Organisation mondiale de la santé. L'OMS souligne aussi que ces maladies peuvent être évitées totalement. Dans un aide-mémoire intitulé A global brief on vector-borne diseases, l'organisation expose les mesures que les pouvoirs publics, les groupes communautaires et les familles peuvent prendre ensemble pour protéger la population contre ces infections. «On pourrait sauver nombre de vies et éviter bien des souffrances si l'on accordait une plus grande importance à la lutte anti-vectorielle dans l'action sanitaire mondiale. Des moyens simples et économiques comme les moustiquaires imprégnées d'insecticide ou la pulvérisation d'insecticide à l'intérieur des habitations ont déjà permis de sauver des millions de vies», a déclaré le Dr Margaret Chan, directeur général de l'OMS. «Personne au XXIe siècle ne devrait mourir d'une piqûre d'un moustique, d'un phlébotome, d'une simulie ou d'une tique». Les maladies à transmission vectorielle touchent les populations les plus démunies, surtout celles qui ne bénéficient pas d'un logement convenable, d'eau potable et d'un système d'assainissement. Les personnes souffrant de malnutrition ou dont le système immunitaire est affaibli sont particulièrement sensibles. La schistosomiase, qui est transmise par des gastéropodes, est la plus répandue de toutes les maladies à transmission vectorielle et touche près de 240 millions de personnes dans le monde. Les enfants qui vivent et habitent près de sources d'eau infestées sont particulièrement vulnérables à cette maladie qui les anémie et diminue leurs capacités d'apprentissage. On peut juguler la schistosomiase par le traitement de masse régulier des groupes à risque au moyen d'un médicament sûr et efficace, et en améliorant l'accès à l'eau potable et aux réseaux d'assainissement. Au cours des vingt dernières années, beaucoup de maladies à transmission vectorielle importantes ont refait surface ou se sont propagées dans de nouvelles parties du monde. Du fait des changements environnementaux, de l'essor massif des voyages et des échanges internationaux, de l'évolution des pratiques agricoles et de l'urbanisation rapide et sauvage, le nombre et la répartition géographique de nombreux vecteurs augmentent partout dans le monde, menaçant de nouveaux groupes de personnes, notamment les touristes et les personnes en voyage d'affaires.Ainsi, la dengue, qui est transmise par un moustique, touche désormais une centaine de pays et menace plus de 2,5 milliards de personnes, soit plus de 40% de la population mondiale. La dengue a été signalée dernièrement en Chine, au Portugal et dans l'Etat de Floride aux Etats-Unis d'Amérique. D'après les informations communiquées par la Grèce, le paludisme est réapparu dans ce pays pour la première fois depuis 40 ans, ce qui montre que le risque de réintroduction de la maladie est permanent et qu'il faut rester vigilant pour pouvoir endiguer rapidement toute résurgence du paludisme. «La lutte anti-vectorielle reste l'outil le plus important pour prévenir les flambées de maladies à transmission vectorielle», explique le Dr Lorenzo Savioli, directeur du département Lutte contre les maladies tropicales négligées de l'OMS. «Il faut davantage de fonds et un engagement politique plus ferme pour maintenir les moyens existants de lutte antivectorielle, de même que les moyens thérapeutiques et diagnostiques, et pour entreprendre les travaux de recherche nécessaires de toute urgence». A l'occasion de la Journée mondiale de la santé 2014, l'OMS appelle à accorder plus d'importance à la lutte antivectorielle et à l'accès à l'eau potable, à l'assainissement et à l'hygiène, stratégies primordiales préconisées dans la feuille de route qu'elle a dressée en 2011, pour endiguer, éliminer et éradiquer les maladies tropicales négligées et dans laquelle elle fixe des cibles pour la période 2012-2020.