En matière de débat sur les méthodes d'enseignement de la lecture, la France officielle nous donne l'exemple - le bon pour une fois. Ce pays est connu pour être réfractaire aux innovations pédagogiques à large échelle. Tradition jacobine oblige ! Le 5 janvier 2006, la presse française était unanime pour affirmer que leur ministre de l'Education nationale venait d'enterrer la « méthode globale » d'apprentissage de la lecture, dont l'efficacité est l'objet de débats passionnés depuis les années 1970 en France. Le mérite de cette minirévolution revient à un instituteur de campagne qui enseigne dans une bourgade de Bretagne. Il a consigné dans un livre paru en septembre 2005 sa longue expérience de l'enseignement de la lecture dans les classes du primaire. Et d'alerter ainsi l'opinion publique sur les dangers de la systématisation de la méthode analytique ou globale. Il sera reçu par son ministre qui l'a longuement écouté. Après avoir pris leur avis, Gilles de Robien, ministre français de l'Education nationale, se fait l'ambassadeur de ses conseillers en pédagogie. Il annonce à la télévision : « L'apprentissage de la lecture doit commencer par le son et la syllabe et non par la reconnaissance globale et quasi photographique des mots. La lecture ne doit en aucun cas être un exercice de devinette. » Dans la foulée, il lance un appel aux praticiens par le biais d'une circulaire : « J'attends des maîtres qu'ils écartent résolument ces méthodes qui saturent la mémoire des élèves sans leur donner les moyens d'accéder de façon autonome à la lecture. » Au cœur des débats sur la déperdition scolaire en France, la préoccupation majeure se focalise en priorité sur les pourcentages trop élevés des écoliers français qui rentrent en CE1, voire en CE2 sans savoir lire. Soit au bout des trois années d'entame de la scolarité. Posé de la sorte, le problème de la méthode de l'enseignement de la lecture prend en charge le principe de l'égalité des chances. Le ministre français l'a clairement signifié en déclarant : « Si 80% des élèves réussissent à apprendre à lire avec les méthodes mixtes ou semi-globales, couramment utilisées en France, ce sont les 20% restants qui me préoccupent. » En un mot : la réussite pour tous, du moins pour la lecture - et c'est déjà un grand pas de franchi. Ce ministre a-t-il parlé d'augmenter les horaires et les coefficients de la langue française ?