Malgré les rapports accablants sur l'état de ces bâtisses, les autorités tardent encore à prendre les choses au sérieux. Douze ans après avoir été classées sur la liste des immeubles à démolir dans le quartier Belouizdad (ex-Saint-Jean), des bâtisses marquées toujours d'une croix rouge, et dont certaines sont encore habitées, demeurent une menace pour les riverains. Une situation qui renseigne sur le laisser aller flagrant des autorités qui continuent d'agir avec légèreté face à ce problème. Le cas le plus marquant est celui de la rue Kerrouche Abdelhamid, une des artères dérivant du boulevard Messaoud Boudjeriou, où pas moins de trois immeubles abritant plusieurs familles, représentent un danger permanent. Le cas de l'immeuble situé au n°2 de la même rue illustre le statu quo qui frappe ce quartier depuis une dizaine d'années, et les autorités concernées sont toujours quasiment «paralysées». Juste en face, une autre bâtisse, dont la construction remonte au début des années 1930, selon les témoignages de certains habitants, abritant une unité de soins, des appartements et des commerces, montre depuis quelques semaines, les signes d'un risque d'effondrement d'une partie de son mur extérieur, dont le gondolement est bien apparent. Un fait qui inquiète sérieusement les riverains. «Nous avons saisi toutes les autorités pour intervenir et trouver une solution à ce problème, surtout que les services du contrôle technique des constructions (CTC) ont certifié que ces immeubles sont une véritable menace pour le quartier, mais rien n'a été fait à ce jour, et l'on attend qu'une catastrophe survienne pour intervenir», nous affirme un habitant d'une bâtisse mitoyenne. «Il y a quelques mois, deux blocs de pierre se sont détachés de la bâtisse se trouvant juste à l'entrée de la rue du côté gauche, laissant apparaître une énorme fissure qui s'étend jusqu'aux étages supérieurs», nous dira un locataire. Chose que nous avons constaté de visu. Pour rappel, le site de Belouizdad appartenant à la zone A, -sérieusement affectée par le phénomène des glissements de terrain-, a été classé sur la liste des bâtisses à démolir en 2002, après plusieurs visites des commissions de la direction de l'urbanisme, avec en conclusion des rapports d'expertise affirmant sans équivoque le danger d'effondrement. Depuis, et hormis quelques bâtisses qui ont été démolies, le reste des constructions n'a pas été touché, continuant de subir de sérieuses dégradations. Danger à la rue Lemissi Saïd A la rue Lemissi Saïd (ex-Docteur Maumy), en contrebas du boulevard Belouizdad, les habitants d'une bâtisse située près du square Guessoum Mohamed (ex-Gambetta), avec un accès se trouvant juste derrière le siège de la direction des moyens généraux de l'APC de Constantine, ne cessent d'alerter les autorités sur le risque qu'il encourent au quotidien. Pour rappel, lors d'une sortie d'inspection de l'ex-wali de Constantine en 2007, au quartier Belouizdad, les locataires n'avaient pas raté l'occasion d'attirer son attention sur l'état de délabrement dans lequel se trouvait leur bâtisse. Une expertise de la construction ordonnée par le wali et réalisée au mois de juin 2007 par les services de la DLEP, a donné lieu à un constat accablant. «Les conclusions de cette expertise confirment et corroborent celles déjà faites précédemment, à savoir que notre bâtisse est dans la zone rouge et présente de réels dangers pour ses occupants, et à ce titre, elle doit être évacuée dans les meilleurs délais», notent les résidents. Une visite effectuée sur les lieux ne laisse pas indifférent. A l'entrée de l'immeuble, l'on est frappé par l'état de dégradation des lieux: des plafonds avec de larges fissures et des murs gondolés, se détachant par pans entiers. Le risque d'effondrement concerne aussi les escaliers, plusieurs fois retapés. «Nous vivons quotidiennement dans l'angoisse; toutes les correspondances que nous avons adressées aux autorités de la ville sont restées sans suite; les responsables attendent-ils qu'un drame survienne pour réagir ?» s'interrogent les locataires. Pour l'histoire, les autorités de la ville ont tout fait pour démolir, en 1998, le fameux immeuble dit «Cadeau», qui était situé à quelques encablures seulement des bâtisses en question, arguant de la menace d'effondrement. Une opération ayant coûté plusieurs milliards et qui avait été menée avec une grande célérité.