Le secrétariat de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR-UGTA) s'est réuni, hier, pour examiner la situation de la Caisse des retraites et les problèmes auxquels est confrontée cette frange fragile de la société. Lors de cette réunion, les représentants de la FNTR se sont dits « consternés » et « outrés » par la circulaire du chef du gouvernement rendue publique le 8 août dernier. La disposition émanant du Premier ministre a, rappelle-t-on, ordonné aux caisses de sécurité sociale, d'assurance contre le chômage, de retraités, les mutuelles et autres organismes publics assimilés de déposer, à compter du début du mois en cours, tous leurs avoirs auprès du Trésor public. Pour les responsables de la FNTR-UGTA, « cette décision est prise abusivement et en violation du décret de 1992 régissant le fonctionnement des caisses de sécurité sociale et au mépris des prérogatives légales de leur conseil d'administration ». « On s'entête à vouloir confiner le conseil d'administration dans un rôle, peu honorable, de faire-valoir ou de souffre-douleur, laissant ainsi le soin à la tutelle qui ne s'en prive d'ailleurs pas de gérer directement et à sa guise les caisses en faisant fi des règles en usage et des lois en vigueur », a soutenu un membre du secrétariat, qui estime que « le gouvernement n'a pas à s'immiscer dans les affaires des caisses de sécurité sociale ». « En demandant aux organismes de sécurité sociale de déposer leur argent au niveau du Trésor, le chef du gouvernement ôte au conseil d'administration les prérogatives de décider du placement de leur argent et prive aussi les caisses de bénéficier des intérêts. Lorsqu'on met notre argent à la disposition du Trésor, nous perdons nos intérêts et l'Etat sort gagnant de cette nouvelle procédure », a soutenu un autre représentant de cette fédération. Ingérence Le secrétariat fédéral juge à ce propos « inacceptable » cette ingérence qui a mis, de son avis, « dans l'obligation, entre autres, la Caisse des retraites de démobiliser immédiatement des sommes importantes, placées avec un intérêt consistant dans les banques publiques, la privant ainsi de ressources supplémentaires indispensables ». Cette instance a qualifié, en outre, cette décision de « sabotage vis-à-vis de la sécurité sociale ». Très critique à l'égard de l'initiative prise par le gouvernement, le secrétariat fédéral rappelle que « cette volonté (celle de l'Exécutif), que la morale réprouve, de faire main basse sur l'argent des travailleurs et d'empêcher les caisses de bénéficier de revenus de placement » s'est matérialisée par la décision récente et « scandaleuse » prise par le ministère des Finances qui s'est vite ravisé, consistant à procéder avant terme à la démobilisation immédiate des bons du Trésor détenus par la CNR (30 milliards de dinars) après les avoir bloqués depuis 1999, par arrêté, sur une période de quinze années (jusqu'en 2014) avec un intérêt de 5%, à un moment où les banques publiques proposaient des taux d'intérêt bien plus rémunérateurs. A l'occasion, le secrétariat fédéral a réitéré son désaccord à l'encontre de cette décision qu'il considère « hâtive, inopportune et injustifiée » et qui met « devant le fait accompli les partenaires sociaux, en premier lieu l'UGTA ». La FNTE déplore d'ores et déjà « les conséquences financières catastrophiques et incalculables que ne manqueront pas de subir les caisses, et parmi lesquelles la CNR, dont les fonds déposés au Trésor vont être thésaurisés et fondre progressivement sous l'effet de l'inflation ». Par ailleurs, le secrétariat fédéral a interpellé la centrale syndicale pour « s'imposer et par tous les moyens à ce coup de force qui risque, à terme, de compromettre l'équilibre financier des caisses et leur développement harmonieux ». Il a appelé aussi les retraités à demeurer vigilants et à resserrer leurs rangs, en vue de mener toutes les actions nécessaires « pour faire reculer les partisans du démantèlement de l'économie nationale, pour la défense de l'emploi et pour la promotion d'une politique de développement effectif du pays ». Au-delà des griefs retenus à l'encontre de l'Exécutif, le secrétariat fédéral s'est félicité, tout de même, de la signature par le ministère du Travail de l'arrêté portant revalorisation des pensions de retraite pour l'année 2004. Cette mesure, qui intervient annuellement, permet aux retraités de bénéficier d'une augmentation relative de leur pouvoir d'achat. L'instance fédérale a regretté le fait, cependant, que le ministère n'ait pas pris en considération les propositions formulées par le conseil d'administration de la Caisse des retraites.