Le recueillement en hommage à la mémoire de Ali Mécili a rassemblé, hier au cimetière parisien du Père-Lachaise, plusieurs dizaines de militants de tous bords politiques et associatifs. Paris De notre correspondant Organisé par la famille Mécili et ses amis, algériens et français, le rassemblement a été une occasion de rappeler ce pourquoi Ali-André Mécili a été assassiné, le 7 avril 1986 – en l'occurrence son travail d'unificateur de toute l'opposition algérienne, quels que soient les différents courants idéologiques qui la forment. En plus des militants de la direction du FFS, représenté par son premier secrétaire national, Ahmed Betatache, Ali Laskri, membre de l'instance présidentielle du parti, et le député Belkacem Amarouche, il y a eu la présence de militants du RCD et de quelques associations algériennes en France : UEAF, Action citoyenne pour l'Algérie, Bara, Massira, ACDA, etc. Ouvrant la cérémonie solennelle, Annie Mécili a pris la parole, déterminée à «continuer le combat pour que justice soit rendue» et jusqu'à ce que les commanditaires et les assassins de son époux soient jugés et condamnés. «27 ans après sa disparition, j'aurais aimé vous dire aujourd'hui qu'enfin, justice lui a été rendue, qu'enfin le peuple algérien a retrouvé sa liberté. Or, tel n'est pas le cas», a-t-elle regretté. Elle a exprimé sa crainte de ne jamais voir le dossier de l'affaire Mécili aboutir à un procès : «Du point de vue de la justice, depuis l'épisode Hassani, l'affaire n'a pas bougé. Rien ne s'est passé depuis. Nous devons demeurer vigilants… très vigilants ! Car il peut y avoir toujours un moment où un juge finit par se demander si un dossier aussi ancien, de plus bien embarrassant, marqué par la raison de deux Etats, ne mérite-t-il pas un non-lieu. Cela peut mettre fin à la recherche de la vérité et de la justice. Il faudra donc veiller.» Mme Mécili a évoqué également l'élection présidentielle en affirmant que «chacun sait ce qu'il en est. Au lieu de rassurer Ali qu'il peut reposer en paix, c'est nous encore qui nous tournons vers lui, vers sa clairvoyance et son intelligence politique, vers ses paroles qui nous redonnent toujours espoir. C'est lui encore qui nous montre le chemin». Toujours sur le même sujet, son fils Yalhane a lu le dernier éditorial écrit par son père dans Libre Algérie, qui en dit beaucoup sur la situation politique actuelle de l'Algérie. «Plus personne n'est dupe. Les citoyennes et citoyens savent que tout se joue en dehors d'eux (…). Alors, pourquoi ce tintamarre ? De qui se moque-t-on ? (…). La question ce n'est plus de savoir si les Algériennes et les Algériens pourront choisir entre plusieurs hommes désignés par un même parti ; ils le feront en sachant que quelles que soient la capacité, l'intelligence, l'intégrité ou la bonne volonté de cet homme, il ne pourra rien en dehors de ce qui a été décidé par cette fameuse direction politique dont on ignore toujours qui elle est et où elle se situe», écrivait-il. «Le système est finalement cohérent. Il a au moins le mérite de faire perdre toute illusion à ceux qui pourraient encore rêver de le voir évoluer de l'intérieur. En fait, la classe politique dans son ensemble est désormais consciente de l'impasse dans laquelle le pouvoir a finalement conduit le pays. Elle sait qu'il n'y a pas à attendre de miracle, une nouvelle révolution de palais», a-t-il conclu.