Après une absence de six ans, l'artiste peintre algérien, Abderrahmane Kahlane, revient sur la scène artistique algérienne avec une imposante collection de tableaux intitulée «L'éternelle porte de La Casbah». Cette série de tableaux, qui se donne à voir à la galerie Baya du palais de la culture Moufdi Zakaria de Kouba, procure à la fois plaisir et sérénité. Un plaisir donné par cette redondance de portes anciennes de La Casbah d'Alger et par cette sérénité qui se dégage de la palette de couleurs reposantes. Les cimaises de la galerie sont tapissées jusqu'au 3 mai prochain d'une soixantaine de tableaux aux dimensions et aux techniques diverses. Si l'ensemble des œuvres a été réalisé durant la période 2013-2014, il n'en demeure pas moins que Abderrahmane Kahlane a greffé d'anciennes œuvres de sa collection privée dont, entre autres, le buste et le portait de l'Emir Abdelkader. Une façon singulière de suivre l'itinéraire de cet artiste peintre qui, rappelons-le, avait commencé par le vitrail, dans les années 1990. Cette exposition de peinture se distingue par une profusion d'anciennes portes à double battant. Abderrahmane Kahlane voue une admiration sans limite pour l'architecture de La Casbah. Enfant déjà, il était fasciné par les portes de la médina d'Alger. Armé de son boîtier, il immortalisait certains plans de cette Casbah ensorcelante. Bien qu'installé en France depuis quelques années déjà, Kahlane se fait un devoir de se rendre, à chacune de ses visites en Algérie, au mausolée de Sidi Abderrahmane. Il y constate, hélas, la détérioration de toutes ces portes, témoins d'une époque révolue à jamais. Aussi, il proposera aux responsables de les restaurer bénévolement, d'autant qu'il a effectué antérieurement une formation de restaurateur au musée du Louvre de Paris. La réponse ne se fera pas attendre. Il entamera ainsi la restauration de quatre portes dès le mois de mai prochain. C'est de là qu'est née l'idée de consacrer une exposition de peinture sur les portes éternelles de La Casbah d'Alger. Ici et là, des portes aux dimensions variées s'offrent au regard avec une nostalgie certaine. Une panoplie de portes nominatives sont à l'honneur, à l'image de «Bab Es Soultane» (Citadelle), «Bab El Djedid», «Bab Aziza», «Les Mille et une Nuits» ou encore «Les huit portes d'Alger». Sur le tableau intitulé «La protégée 1 et 2», la précision et le détail sont de mise. Une vue imprenable de l'ensemble de cette vieille ville est immortalisée avec une petite touche d'imaginaire. Les maisons où pendent de longs tapis sont agencées les unes à côté des autres, le bleu foncé de la mer est en parfaite osmose avec le bleu turquois du ciel. Dans «Vision sur La Casbah», une petite porte laisse entrevoir les lumières de la cité. Surfant entre l'acrylique, l'aquarelle et la peinture à l'huile, Abderrahamane Kahlane refuse de s'instaurer une frontière dans sa quête créative. Il use et abuse des couleurs chaudes. «La peinture, confie-t-il, est un exutoire. Mes thèmes sont toujours puisés de mon pays, qui recèle des richesses inépuisables.»