La paix en Ukraine n'est manifestement pas pour demain. Les insurgés séparatistes de l'est de l'Ukraine ont rejeté hier l'accord conclu jeudi à Genève, lui préférant une réforme constitutionnelle. Les Occidentaux, Kiev et Mocou pensaient avoir fait le plus important en concluant, jeudi à Genève, un accord pour une désescalade en Ukraine, au bord de l'éclatement. Cet accord prévoit notamment le désarmement des groupes armés illégaux et l'évacuation des bâtiments occupés, ainsi qu'une amnistie pour ceux qui respecteront ces dispositions, à l'exception des «coupables de crimes de sang». Il stipule également que le processus constitutionnel promis par le gouvernement transitoire ukrainien sera «transparent», «avec l'établissement d'un large dialogue national, pour inclure toutes les régions ukrainiennes et toutes les entités politiques». Mais alors qu'une présidentielle anticipée est prévue pour le 25 mai pour installer un pouvoir légitimé par les urnes, le gouvernement s'est donné, jeudi soir, par décret, jusqu'au 1er octobre pour préparer la «décentralisation». Mais les séparatistes pro-Russes ne l'entendent pas de cette oreille. «Le président par intérim Olexandre Tourtchinov et (le Premier ministre Arseni) Iatseniouk doivent d'abord quitter les bâtiments qu'ils occupent illégalement après leur coup d'Etat», a déclaré à la presse à Donetsk Denis Pouchiline, un «ministre» du gouvernement de la «république de Donetsk» autoproclamée. Pour lui, l'application de l'accord ne pourrait intervenir «qu'après une réforme constitutionnelle». Les séparatistes réclament une «fédéralisation» de la Constitution ukrainienne, que refuse le gouvernement qui y voit la porte ouverte à l'éclatement du pays et propose une «décentralisation». Les séparatistes, qui prévoient un référendum sur l'autonomie régionale le 12 mai, ne se sentent pas liés par l'accord car le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï «Lavrov n'a pas signé en notre nom mais au nom de la Russie», a ajouté le responsable. Moscou avait initialement exprimé le souhait que les séparatistes soient représentés aux négociations qui ont réuni, jeudi à Genève, Ukraine, Russie, Etats-Unis et Union européenne. Et M. Pouchiline d'accuser le gouvernement de violer l'accord en ne retirant pas les forces envoyées pour une «opération antiterroriste» qui a jusqu'à présent tourné à la débandade. Laquelle opération était maintenue, hier, mais «pas dans une phase active», a indiqué hier Marina Ostapenko, porte-parole des services spéciaux (SBU). Sur le terrain, les mystérieux «hommes verts» en armes, des «militaires russes» selon Kiev, des «groupes locaux d'auto-défense» selon la Russie, contrôlaient toujours la localité de Slaviansk, qu'ils ont prise il y a six jours. Et les séparatistes, simples manifestants ou groupes armés, tiennent toujours des bâtiments publics dans une demi-douzaine de villes de l'Est russophone. Il faut souligner que l'accord de Genève a déçu également les partisans de l'unité ukrainienne. «Cet accord ne mentionne pas l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ni n'exige de la Russie de cesser l'occupation de la Crimée, ni ne mentionneles saboteurs russes dans le Donbass» (bassin minier de l'Est). Autant dire que cet accord au forceps a toutes les chances d'être décrété nul et non avenu compte tenu des enjeux géopolitiques liés à la région. Et c'est forcément un autre gros souci pour les Occidentaux, qui ont dû subir le fait accompli de Vladimir Poutine