Le procès en appel des 45 émeutiers de Maghnia a eu lieu, hier, à la Cour de Tlemcen. Les plaidoiries et les réquisitoires, qui ont duré plus de six heures, ont abouti à des réductions de peines, considérées « très légères » par les proches des détenus, en comparaison avec les condamnations prononcées en première instance au tribunal de Maghnia, quelques jours seulement après les émeutes qui avaient éclaté au mois de mai dernier. « En fait, tous les accusés ont vu leurs peines réduites de six mois », a affirmé, déçu, un des avocats. Un de ses confrères a qualifié ces condamnations de « jugements en vrac. » La sévère sentence a été infligée à un jeune accusé pour avoir brûlé l'emblème national. Pour les autres, les chefs d'inculpation retenus contre eux sont : dégradation de biens d'autrui et attroupement non autorisé, entre autres... Dans cette même affaire, quatre mineurs, condamnés pour les mêmes délits, avaient été rejugés devant la même Cour, il y a une quinzaine de jours. Le verdict était de 2 mois d'emprisonnement ferme, alors que devant le parquet de Maghnia, ils avaient été condamnés à des peines de 3 mois de prison. Dépassements A la sortie du tribunal, les familles des détenus, en pleurs, ont estimé que leurs proches ont été tous jugés « sur le même pied d'égalité, automatiquement, c'est à dire comme des fauteurs de troubles. Or, tout un chacun sait que dans pareilles situations (émeutes), des personnes, devant la gravité des troubles, couraient dans tous les sens pour éviter d'être blessées ou d'y être impliquées. Et c'est justement ce qui s'était passé. Des pères de famille, sortis s'enquérir de leurs enfants, avaient été embarqués par les services de sécurité, puis emprisonnés et aujourd'hui sévèrement condamnés. » Ces familles parlent de dépassements lors des arrestations pendant l'éclatement des émeutes, mais, n'envisagent pas d'en donner des suites. Aujourd'hui, elles souhaitent que leurs proches bénéficient de grâces. Il faut rappeler que, le 8 mai dernier, des propriétaires de camions avaient protesté contre ce qu'ils appelaient « les dépassements des services de sécurité » qui immobilisaient leurs véhicules sans aucune forme de procès parce qu'ils étaient suspectés de s'adonner au trafic de carburant. Après une première vaine tentative de négociation avec les responsables civils locaux, les choses avaient dégénéré, d'où les troubles dont on été victimes des entreprises étatiques, comme la Sonelgaz, les services des impôts, quelques banques et l'APC...