Les journalistes italiens ont qualifié d'« impitoyable » la manière dont les médias d'outre-Alpes ont commenté la performance de Zinédine Zidane lors du dernier match disputé dans le cadre du premier tour des qualifications du Mondial, qui se tient en Allemagne. « La presse française tape dur », écrit le quotidien La Stampa, propriété de la famille Agnelli, qui possède aussi le club de la Juventus où Zidane a joué à la fin des années 1990. Son passage au club turinois lui avait valu ce vibrant hommage de l'avocat Gianni Agnelli, alors président du club et dirigeant du groupe automobile Fiat : « Personne d'autre que lui ne sait si bien dissimuler le ballon. » Pourtant, Zidane n'a pas eu que des admirateurs parmi les dirigeants de la Vieille Dame, comme les Italiens appellent affectueusement la Juventus. Le gérant Luciano Moggi, qui se trouve aujourd'hui au centre du scandale du Calcio pour avoir corrompu des arbitres et truqué des matches, parlait ainsi de l'affaire qu'il avait conclue en portant Zidane à Turin. « Je l'ai payé à un prix avec lequel les autres achètent des athlètes qui ne sont pas de race ». En quittant la Juventus pour le Real Madrid, Zidane a permis, pourtant, comme le rappelle Il Sole 24 Ore, aux Agnelli d'encaisser la bagatelle de 75 millions d'euros. Dans un excellent article, intitulé « Le chemin du crépuscule », et qui semble un véritable requiem, en hommage au « Roi Zidane », l'envoyé spécial de La Stampa à Hambourg, Roberto Beccantini, écrit : « Il n'aurait même pas dû le disputer ce Mondial. » La Stampa poursuit : « Emu et troublé pas moins que le jour où il lui est arrivé d'affronter, lors d'un match amical, ‘‘son'' Algérie... » Le journaliste met le doigt sur la souffrance de Zizou et évoque la rivalité entre Zidane et Henry, « dans les vestiaires, ce n'est pas Zidane qui commande mais Henry (...). Il fut un temps où Zizou se serait jeté dans la mêlée. Aujourd'hui, il s'en va loin ». A La Stampa de conclure : « J'imagine combien le destin trouve séduisante l'idée d'un retrait usé et suspendu, le souverain sous la tente mais déjà en exil, la couronne là, mais où ? » Un autre quotidien, le très sobre journal des finances Il Sole 24 Ore, titre « Le triste adieu du Roi Zidane » et consacre lui aussi un long article à ce qui pourrait être l'adieu raté de Zidane. « Jamais, Zidane, ou Zizou comme l'appellent ses Tifosi, ne se serait imaginé, que sa sortie de scène lui échapperait des mains, de l'apothéose goûtée, contraint plutôt à une sortie comme monsieur n'importe qui, entre les critiques de la presse française et la déception des fans tricolores. » Rappelons que vendredi dernier Zidane a fêté ses 34 ans, et que ses amis de l'équipe des Bleus ont battu le Togo pour lui dédier la victoire.