«Ces images sont vraiment choquantes. Surtout lorsqu'on voit ce jeune traîné par terre et passé à tabac par les policiers. On croyait ces brutalités révolues depuis longtemps», s'indigne un médecin qui rappelle que les manifestants réclamaient seulement «l'officialisation de langue amazighe». Un autre habitant témoigne : «Heureusement qu'il y a des moyens qui permettent de dévoiler la haine de certains agents de sûreté. Les vidéos ont montré ce que peut réserver le pouvoir à des jeunes qui manifestent mains nues. C'est inadmissible.» A Tizi Ouzou, le choc est encore grand après les représailles de la police contre la marche du 20 Avril, à l'appel du MCB. Après le FFS et le RCD, qui ont dénoncé les violences, l'APW de Tizi Ouzou, à travers un communiqué, a qualifié «d'irresponsables» les agissements «de quelques agents de sécurité à l'encontre de jeunes manifestants, tels que vus sur internet». L'APW «dénonce la riposte disproportionnée des services de sécurité à une action citoyenne». Des étudiants blessés lors de la marche réprimée sont toujours traumatisés et insistent pour rester anonymes. «Le lendemain de la marche, on voulait aussi manifester pour s'élever contre la répression de la veille. Mais, à notre arrivée, au quartier les Genêts, près du centre-ville, j'ai reçu deux balles en caoutchouc dans le ventre. J'ai senti des douleurs atroces, au lieu d'aller à l'hôpital, j'ai préféré rejoindre le campus, car j'avais peur d'être interpellé par les policiers à l'intérieur du CHU», confie un étudiant. Un autre ajoute : «J'ai été blessé devant le portail du campus universitaire de Hasnaoua, par un agent de la CNS qui a jeté des débris en ciment. J'ai failli avoir une fracture au genou droit. Comme tous mes camarades, j'ai eu peur d'aller à l'hôpital car, on nous a dit que des policiers suivaient les blessés jusqu'au CHU. Si les blessures sont légères (hématomes et égratignures), je suis cependant toujours traumatisé par la violence des policiers. Certains ont même insulté les passants.» Une autre raconte encore : «J'ai vu des policiers, postés à une vingtaine de mètres du portail de l'enceinte universitaire, tirer des bombes de gaz lacrymogènes à l'intérieur du campus. En pourchassant les jeunes étudiants protestataires, ils nous ont ciblés avec des balles en caoutchouc.» Le directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, a ordonné l'ouverture d'une enquête pour situer les responsabilités de ces actes. Quatorze manifestants, parmi les 60 arrêtés depuis le 20 avril, ont comparu, mercredi, devant le juge d'instruction.