Située à 170 km du chef-lieu de la wilaya de Ghardaïa, la ville d'El Ménia semble ne figurer sur aucune carte de géographique antérieure à 1972, date de sa promotion au rang de commune. Trente-quatre ans après, elle occupe toujours une place prépondérante parmi les plus pauvres de la wilaya. Le visiteur qui foule le sol de cette commune est vite frappé par la pauvreté qui ronge cette localité. Seuls quatre édifices publics, nouvellement construits, font office de chef-lieu. Rien d'autre n'est digne d'être cité dans cette commue qui a raté, semble-t-il, le train du développement. En effet, dans tous les domaines de la vie quotidienne, El Ménia souffre le martyre, la plupart de ses maisons et infrastructures de base ont vieilli. Elle est l'exemple type d'une commune qui se cherche désespérément. Cependant, à un moment où l'on s'occupe à redorer le blason du chef-lieu de la wilaya de Ghardaïa, le mal-vivre ronge certaines localités rurales. La situation des citoyens de la commune d'El Ménia en est une malheureuse illustration. Le visiteur de ces zones aura à apprécier les difficultés de la vie quotidienne des citoyens. « L'état des lieux nous montre à quel point la vie est difficile pour cette population. Nous vivons dans des taudis, des maisons faites de terre et de troncs de palmiers, certaines sont recouvertes uniquement de broussailles ou de palmes de palmiers. Nos enfants sont à peine habillés, ils jouent pieds nus, alors que leurs semblables profitent, ailleurs, des bienfaits de la nature. Nous sommes condamnés à vivre pauvres. Beaucoup d'entre nous ne savent même pas apprécier l'avantage de l'électricité. Aussi, beaucoup d'entre-nous vont l'année prochaine empêcher leurs enfants d'aller à l'école, faute de beaucoup de choses », nous dira un citoyen rongé par le poids des misérables années qu'il a passées dans ces lieux perdus et oubliés par des hommes ! Hassi El Gara, une autre commune distante de 30 km du chef-lieu de la daïra d'El Ménia, semble mieux nantie, en dépit des terres fertiles et d'un pipeline de gaz qui traverse la commune. Tout de même, le chômage demeure, curieusement, l'unique sujet de conversation entre des jeunes, adossés à longueur de journée aux murs de la principale route qui mène au chef-lieu. L'ancien centre culturel qui n'a pas changé de physionomie depuis des lustres est aussi un véritable baromètre de l'évolution de la situation sociale des citoyens dans cette commune de 14 932 habitants. Aucun débouché pour ces jeunes dont les rares d'entre eux, s'attelant aux diplômes obtenus des différentes universités, continuent à espérer d'éventuelles réponses aux multiples demandes adressées çà et là. Dans cette même commune, une ferme qui, semble-t-il, était il y a peu de temps enviée par plus d'un agriculteur, avec des bassins naturels, ses dizaines de canards, sans parler des centaines d'arbres fruitiers qui répondaient aux besoins de toute une région. Faute de moyens financiers, cette ferme, comme beaucoup d'autres, est aujourd'hui à l'abandon, devenant par la force des choses une simple habitation. A Belbachir, un quartier situé à six kilomètres environ, au nord du chef-lieu d'El Ménia, les problèmes évoqués par les citoyens tournent autour du logement, de l'emploi et surtout de la flambée des prix des produits de première nécessité. Les problèmes des jeunes sont identiques. Ils sont rongés, eux aussi, par l'oisiveté, le chômage et l'absence de débouchés. En matière d'équipements collectifs, le chef-lieu de la daïra d'El Ménia souffre de l'inertie de ses responsables. L'on se plaint, entre autres, du manque de moyens de distraction qui n'existent pas ? La nomination récente d'un nouveau chef de daïra est pour certains un leurre. « Notre problème, ce n'est pas le chef de daïra », nous dira un groupe de jeunes rencontrés dans un minuscule café de la ville, mais les moyens susceptibles d'améliorer nos conditions de vie ; En somme, à El Ménia le tableau est sinistré. Là, la misère a atteint le seuil de l'intolérable. La jeunesse désœuvrée est livrée à elle-même : chômage, toxicomanie, vols ... Aucune lueur d'espoir dans cette daïra qui, semble-t-il, se prépare pour accéder au rang de wilaya, dit-on ? Tel est le constat amer d'une virée à la wilaya de Ghardaïa dont les pages entières ne suffiraient pas à énumérer les difficultés et les problèmes touchant les citoyens d'El Ménia, un peu trop marginalisés.