L'attente dans certaines stations de bus de la wilaya de Tizi Ouzou est, le moins que l'on puisse dire, pénible, faute d'abribus. Les stations de la daïra d'Azazga sont un exemple éloquent. En effet, rares sont les communes qui disposent de ces constructions légères, pourtant indispensables dans les lieux publics. Ainsi, les usagers s'y ruant pour effectuer un déplacement à un coût modique, en font toujours les frais, car ils ne sont pas épargnés par la pluie en hiver, ni du soleil en été. A la ville de Fréha, commune dépendante administrativement d'Azazga, les voyageurs sont, on ne peut mieux, contraints de se mettre à l'ombre des arbres pour se protéger de l'intenable chaleur, faisant la particularité de la commune. « Céans, la chaleur atteint des pics insupportables », laisse entendre un transporteur desservant la ligne Fréha-Azazga, le visage suintant de sueur. Et d'ajouter : « D'aucuns préfèrent prendre un taxi, même à un prix cher, que de rester planqués sous l'arbre pour attendre le bus. » Les stations de bus et de fourgons d'Azazga ou, encore, les points d'arrêt sont, se lamente-t-il, « totalement abandonnés et négligés. Aucun plan d'aménagement n'est prévu pour les équiper en commodités nécessaires ». A Zekri, commune enclavée, située à 32 km du chef-lieu de daïra d'Azazga et à l'extrême est de la wilaya de Tizi Ouzou, la situation dans laquelle se trouve l'unique point d'arrêt, laisse à désirer. Surtout, ne soyez pas ébahis ou pantois si l'on vous dit qu'une orchidée épiphyte et un chêneau y font office d'« abribus ». A Yakouren, le constat est encore plus éprouvant. Les trois abribus, construits à la sortie de la commune, sont occupés illégalement pas une dizaine de jeunes, et aménagés en kiosques, afin d'y étaler leurs marchandises. Avec le diktat de ces réfractaires et le laisser-aller des autorités, les usagers, déjà indisposés par le tintamarre assourdissant des radiocassettes placées dans ces kiosques, ne savent plus à quel saint se vouer. Pour atteindre le bus attendu, il leur est parfois difficile de se frayer un chemin entre les étalages. Par conséquent les bus y transitant quotidiennement, se développent dans une anarchie indescriptible. Pis encore, les mûrs des abribus font office d'urinoirs et la puanteur qui s'en dégage agresse l'odorat. Interrogé, un jeune nous répond qu'il ne se passe pas un jour sans qu'il ait des démêlés avec « les personnes ayant fait de ces lieux des coins d'aisances ». Preuve palpable ! « Ma Tahchemche ! (Tu n'as pas honte) », lance un quadragénaire à l'adresse d'un jeune, presque la trentaine, qui s'est mis à se soulager sur le mûr au vu des passants.