La short list des promoteurs défaillants a épargné «le gros poisson». Enfin l'Etat va sévir, mais après quoi ? Après 14 ans de souffrance, d'escroquerie et de dépassements faisant des milliers de victimes qui ont placé leur confiance dans cette formule dite LSP. L'annonce du ministre de l'Habitat, de la publication imminente d'un décret qui autorise l'Etat à dessaisir les promoteurs défaillants des projets LSP a soulagé plus d'un. A Constantine où le LSP a essuyé un échec lamentable, le wali, Hocine Ouadah, a appelé les malheureux souscripteurs à «résister» aux promoteurs qui leurs demandent plus d'argent pour payer leurs logements, sachant que le coût a été initialement plafonné par l'Etat. La formule LSP a été créée au début des années 2000 dans le but de satisfaire la demande croissante d'une classe moyenne qui ne peut pas prétendre à un logement social locatif, et n'a pas non plus les moyens de se payer un logement promotionnel. Au total, la wilaya a bénéficié de 17 658 logements. Mais l'engouement premier a cédé à la déception au fil des années, et au bout de nombreuses, aux séances dans les tribunaux et quelques sit-in devant le cabinet du wali. Devenues la proie de promoteurs avares, voire de véritables escrocs, des familles entières ont vu leur rêve se transformer en cauchemar, à cause des promoteurs qui n'ont pas honoré leur part du contrat. En effet, des milliers de logements ont connu des retards de livraison de plusieurs années. D'autres n'ont pas vu le chantier démarrer à ce jour. Il est aussi curieux de voir que 1 665 unités ont été achevées mais non livrées faute de raccordement aux réseaux, et ce pour cause de procédures administratives. Selon le directeur du logement, Moustafa Balah, à ce jour le nombre de logements LSP en cours de réalisation s'élève à 4 565 dont 541 lots en souffrance. L'Etat est demeuré impuissant face à ces promoteurs défaillants. «Il y a eu maintes réunions avec les souscripteurs au niveau de la Dlep. Nous avons communiqué les revendications des concernés aux promoteurs pour qu'ils règlent les problèmes entravant l'avancement des travaux. Certains ont tenu leurs engagements en achevant la construction, alors que d'autres ont fait la sourde oreille ; du reste, ils n'ont même pas donné signe de vie», a déclaré M. Balah. Mieux, la wilaya a été déboutée en justice dans le procès qu'elle a intenté à une dizaine de promoteurs jugés défaillants. Il faut savoir aussi que parmi la «short-list» du wali, ne figure pas «les gros poissons». Pour ceux-là, il faut attendre la suite des événement et l'effet du décret en préparation. «Certes nous voulons que ces promoteurs soient punis pour tout ce qu'ils nous ont causé, mais nous demandons surtout que nous soient livrés les logements que nous avons payés. C'est le ras-le bol. Après toute cette attente, nous ne voyons pas le bout du tunnel», a déclaré Mohamed-Tahar Yousfi, l'un des clients de l'ENPI de Constantine. Par ailleurs, les acquéreurs ne sont pas les seules victimes de ces retards et de ces dépassements. Des entrepreneurs et responsables de bureaux d'études dénoncent eux aussi les abus des promoteurs. Ces derniers qui ont bénéficié de l'impunité totale durant toutes ces années, seront-ils blacklistés ou du moins dessaisis comme le prévoit la nouvelle loi ?