Les Italiens ne se sont pas laissé décourager par la canicule qui sévit ces jours-ci dans les villes italiennes et qui a poussé les autorités à déclencher le plan d'alerte sanitaire dans certaines d'entre elles, et contre toute prévision - les commentateurs annonçaient un fort taux d'abstention pour ce troisième rendez-vous électoral en l'espace de deux mois - plus de 52,3% des votants se sont présentés aux urnes. Un record jamais atteint durant les onze dernières années. Mais à part la forte participation à ce scrutin qui devait décider du futur d'une Italie unie ou découpée en régions autonomes, en plus de celles déjà existantes, comme la Sicile, la Sardaigne ou le Sud Tyrol, l'autre surprise fut le vote de plusieurs départements du Nord, comme le Piémont, la Ligurie et le Emilie-Romagne, qui ont voté contre le fédéralisme. Seules la Lombardie et la Vénétie, connues pour être le bastion du mouvement sécessionniste inspiré par le parti de la Ligue du Nord, qui au cours des années a appris à mettre de l'eau dans son vin et à renoncer à séparer le nord du sud de l'Italie, adoptant une position plus réaliste en revendiquant un statut fédéral pour les régions septentrionales, ont voté en faveur du fédéralisme. Mais la majorité des électeurs a choisi de bouder le projet de révision de la Constitution prôné par Silvio Berlusconi, en partie pour satisfaire ses alliés du parti xénophobe de la Ligue du Nord dont l'un des leaders, l'europarlementaire Francesco Speroni, s'est ainsi écrié en apprenant la victoire du non : « Les Italiens me dégoûtent. L'Italie me dégoûte, elle ne veut pas être moderne. C'est la victoire de ceux qui veulent vivre aux dépens des autres. » Mais le Sud n'est pas le seul à avoir fait barrage à la modification de la Constitution de la deuxième république. La capitale économique et financière du pays, Milan, s'est détournée de la perspective du système fédérale, rejetant lors de ce vote l'enfant avec l'eau du bain, comme disent les Italiens. Et la véritable victoire, c'est le président du Conseil des ministres italien, Romano Prodi, qui l'a remportée et qui sans se laisser aller à des déclarations jubilatoires, n'a toutefois pas raté l'occasion pour annoncer que sa coalition de centre gauche présentera un projet de révision de la loi électorale introduite par Berlusconi et qui a transformé les dernières élections législatives en un mélodrame aux multiples soubresauts. Quant au président de la République, Giorgio Napoletano, lui aussi opposé à la révision de la Constitution, il s'est contenté de lancer : « C'est une belle journée », laissant son auditoire perplexe et se demandant si le garant de la neutralité de l'Etat se référait à la victoire du non au référendum ou à celle de la squadra azzura qui a battu l'Australie, arrachant sa qualification aux quarts de finale de la Coupe du monde.