Akli Moussouni, expert international auprès de plusieurs organismes, estime que «les importateurs sont appelés à investir dans les petites industries locales». Intervenant lors d'une conférence-débat organisée hier à Alger par l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCCA), M. Moussouni pense toutefois qu'«il est nécessaire de réviser le cadre législatif». L'invité de l'UGCCA observe que «le potentiel des ressources naturelles locales, qui peut générer des créneaux économiques porteurs de richesses et d'emplois, a été jusqu'à présent totalement négligé». L'absence de développement local traduit, pour M. Moussouni, «un gaspillage des potentialités économiques comme la perte de territoires et de leur vocation, perte de patrimoine végétal agricole et forestier, perte de ressources hydriques, perte de zones touristiques, dégradation de l'environnement». «Par conséquent, une bonne partie des opérateurs économiques se sont orientés vers des secteurs considérés plus rentables et moins risqués comme l'importation, dont les acteurs ont été érigés au statut d'élites économiques, tandis que d'autres ont disparu du circuit économique à cause d'un système de financement inadapté et contreproductif», a-t-il précisé. En guise de propositions, Akli Moussouni préconise la «mise en œuvre de nouvelles filières économiques comme le recyclage des déchets pour récupérer la matière, l'industrie de transformation agro-forestière, l'agro-industrie, les énergies renouvelables, les nouvelles filières de l'agriculture industrielle (betterave sucrière et fourragère, huiles végétales, fromagerie artisanale à partir du lait de chèvre)». Et pour alimenter ces nouvelles industries, M. Moussouni souhaite «la diversification des élevages de gibier pour répondre aux besoins domestiques et à ceux des opérateurs activant dans le domaine du tourisme». La sécurité alimentaire est le volet qui préoccupe l'invité de l'UGCCA : «Avec le concours de 40% de la main-d'œuvre, le marché national pourrait être assuré en produits locaux.» Par ailleurs, M. Moussouni déplore les contraintes bureaucratiques : «En termes de technologie, les études et expertises objet de partenariat avec les organismes étrangers (notamment européens), lesquelles ont coûté énormément cher au pays, sont oubliés dans les tiroirs des ministères et autres instituts qui en dépendent alors que l'université algérienne est jetée en pâture à une documentation totalement dépassée.» Et d'ajouter : «Des fonctionnaires de l'Etat manipulent des statistiques pour préserver leur carrière, comme nous le constatons dans le domaine de l'agriculture». Il relève que «les dispositifs de soutien de l'Etat en faveur des agriculteurs, des jeunes et des chômeurs sont transformés (sauf rares exceptions) en outils de spéculation, de détournement et d'exportation illégale transfrontalière».