Des études sont engagées pour relancer la production nationale de l'huile et de la betterave sucrière. Et si l'Algérie renouait avec la production de l'huile végétale et du sucre? C'est ce que le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, a suggéré, hier, lors d'un point de presse animé au siège du ministère à Alger. Ce point de presse s'est tenu en marge de la rencontre nationale avec les directeurs des fermes pilotes et des établissements publics sous tutelle détenant des terres agricoles, ouverte par le ministre. «Des études sont en cours pour relancer la production de l'huile végétale et de la betterave sucrière, étroitement liée à la production du sucre dans certaines zones du pays», a déclaré le ministre. En se sens, le département de Benaïssa mise sur la mise en place de fermes pilotes. Elles seront consacrées à la production de plants oléagineux et de betteraves sucrières. Seulement, le lancement de ses projets nécessite du temps et de gros moyens. «La culture de la betterave sucrière nécessite la mobilisation de grandes ressources hydriques», a fait remarquer M.Benaïssa. Le ministre est revenu sur les émeutes du sucre et de l'huile qui ont secoué une trentaine de wilayas du pays ces derniers jours. La hausse des prix des produits alimentaires de large consommation a mis le feu au front social. «Cette hausse des prix a touché des produits importés», a objecté le ministre. Il a rappelé, que les systèmes de régulation appliqués aux filières du lait, des céréales et de la pomme de terre ont permis une stabilisation des prix de ces produits. Cela dit, il a permis de relever des lacunes dans la chaîne de distribution du lait. Aussi, il a affirmé que le prix de ce produit ne connaîtra pas d'augmentation. M.Benaïssa a affirmé que le système Syrpalac de régulation du marché national des produits agricoles de large consommation sera généralisé à d'autres filières. «Nous devons assurer l'équilibre entre l'offre et la demande. La sécurité alimentaire est le socle de la souveraineté nationale», a-t-il insisté. Le ministre a souligné, que les dernières émeutes portent un message clair et précis. «C'est un avertissement pour nous», a-t-il mis en garde. La hausse brutale des prix de l'huile et du sucre a provoqué des émeutes qui, selon de multiples sources, ont fait cinq morts et plus de 800 blessés. Les arrestations ont dépassé le seuil de 1000 personnes. Le feu provoqué par le sucre et l'huile a engendré un incendie social. Pour rappel, la culture de la betterave a été interrompue en 1984. Une réflexion conjointe commerce-agriculture est engagée pour la réhabilitation de cette culture. Les spécialistes trouvent que l'étude de ce projet prend du temps. Des voix proposent la reprise de cette culture dans des régions comme Sidi Bel Abbès, Guelma, Annaba, Mascara et Aïn Témouchent. A elle seule, l'importation du sucre roux coûte à l'Etat près d'un milliard de dollars par an. La rencontre d'hier a porté sur la mise en oeuvre des nouvelles procédures d'exploitation des terres agricoles relevant du domaine privé de l'Etat par les fermes pilotes et les établissements publics. Cette procédure consacre deux formes d'exploitation. Il s'agit, en premier lieu, de l'affectation de ces terres aux établissements publics. Les nouvelles mesures concernent, aussi, leur concession pour les fermes pilotes et les entreprises publiques économiques. En ce sens, ces organismes ont six mois pour régulariser la situation juridique du patrimoine foncier qu'ils détiennent. Cette opération touche les 174 fermes pilotes couvrant une superficie totale de plus de 148.000 ha, que compte le pays. En conséquence, ces exploitations seront dotées d'un patrimoine qui, selon le ministre, doit être nécessairement sauvegardé, renforcé et réhabilité. Désormais, les fermes pilotes disposeront d'un acte de concession. «Le renforcement de la sécurité alimentaire du pays reste lié à notre capacité nationale de production d'un matériel génétique végétal et animal amélioré et adapté aux différentes spécificités agro-écologiques», a expliqué M.Benaïssa. Par ailleurs, il a indiqué que plus de plus de 78.000 dossiers ont été déposés auprès de l'Office national des terres agricoles (Onta), dans le cadre de la mise en oeuvre de la loi fixant le mode d'exploitation des terres du domaine privé. Ces terres s'étendent sur 2,5 millions d'hectares.