Débarrasser l'agriculture des faux importateurs «Le gouvernement doit privilégier les programmes de développement à court terme s'il veut secouer le secteur agricole et le rendre plus performant.» Le gouvernement devrait-il prôner une nouvelle politique, en privilégiant les programmes de développement à court terme pour secouer le secteur agricole et réduire la facture des importations qui augmente d'année en année? Selon l'Union générale des commerçants et artisans algériens, les programmes étalés sur plusieurs années sont difficiles à réaliser, du fait de l'existence de nombreuses contraintes qui ralentissent souvent les projets et les reportent aux calendes grecques. Intervenant à l'occasion de la conférence de presse qu'il a animée, mercredi dernier, à Belouizdad, le porte- parole de l'instance, El Hadj Tahar Boulenouar a insisté particulièrement sur ce point, soulignant que «les programmes à court terme sont plus maîtrisables et que le gouvernement, pour des raisons d'efficacité doit abandonner les gros projets qui demandent beaucoup de temps et surtout beaucoup d'argent». Dressant un constat du secteur, il a précisé qu' «aucun des programmes mis en branle par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural afin de booster la production agricole et réduire la facture salée de nos importations n'a abouti jusqu'à présent.» Malgré les efforts colossaux déployés par l'Etat pour stimuler le secteur agricole et le rendre plus performant, la facture des importations en produits de première nécessité ne cesse d'augmenter, atteignant en 2012 près de 12 milliards de dollars. Pourtant, dit-il, le secteur a enregistré un bond quantitatif en matière de production de blé, notamment, qui a augmenté de 17%, mais parallèlement les importations n'ont pas chuté. Bien au contraire, elles ont augmenté. Pointant un doigt en direction des importateurs, le conférencier les accuse de saigner l'économie. «Afin de débarrasser l'agriculture des faux importateurs, l'Ugcaa est pour le transfert des services du ministère de l'Agriculture et du Développement rural à celui du Commerce», a-t-il confié. Citant aussi en exemple la filière lait, M.Boulenouar a indiqué que «malgré un léger mieux constaté ces dernières années, la production locale demeure toujours nettement insuffisante et qu'il faut en finir une bonne fois pour toutes avec ces importations qui saignent le Trésor public», ajoutant que «l'Etat doit faire vite pour ne pas hypothéquer l'avenir de notre économie qui dépend entièrement des exportations d'hydrocarbures.» Hôte de la conférence en sa qualité d'expert, Akli Moussouni a souligné, d'emblée, que le secteur agricole est malade et que pour arriver à booster la production et permettre à l'Algérie de s'auto-suffire, il faut une véritable révolution. Comme démarche, il propose d'engager une expertise sur l'état des lieux, d'identifier et évaluer, ensuite, le potentiel agro-économique des zones de production spécifiques et déterminer les zones homogènes. La qualifiant d'artisanale, le spécialiste en agronomie a établi une feuille de route qui prévoit de «cerner» les pratiques actuelles de production artisanale pour pouvoir apporter les innovations techniques exigées par les marchés normalisés. Ce programme peut servir en même temps de levier économique, en dégageant les produits destinés au rééquilibrage des échanges avec l'Europe. Autre proposition afin de remédier à certaines carences, l'«analyse des contraintes sociales et socioéconomiques pour dispatcher les cultures, soit vers les productions industrielles dans les grands espaces et les cultures du terroir dans les zones rurales à forte concentration humaine». Lors de son intervention, il n'a pas omis de souligner l'importance des filières activant dans le secteur agricole, ajoutant qu'il faut les impliquer davantage pour augmenter la production et créer de nouveaux emplois. Critiquant les programmes de développement lancés au niveau de certaines régions, notamment dans les Hauts-Plateaux, M.Moussouni a indiqué que «le cas d'échec des programmes engagés est perceptible particulièrement dans les nouveaux territoires agricoles, à savoir Aïn Ouessara, Hedsahari, Ksar Chelala, Hassifeddoul et Biskra». Il a précisé que «l'Etat a investi énormément d'argent et que tout ce qu'il souhaite c'est le développement de ce secteur stratégique».