Dépendance des importations de produits alimentaires, absence d'un programme de développement agricole, inexistence d'une chaîne de froid et de frigo pour réguler le marché, manque de marchés de gros et de proximité et présence de faux agriculteurs, tels sont les problèmes que rencontre l'agriculture algérienne et l'empêche de jouer son rôle dans l'autosuffisance alimentaire. Cet état des lieux a été dressé, hier, par l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), lors d'une conférence sous la thématique « Les produits agricoles, entre approvisionnement et prix ». « L'accroissement de la population et l'augmentation de la consommation du fait du développement humain imposent une meilleure pratique agricole car l'agriculture est le seul approvisionneur du marché et il faut veiller à ce que ce lien reste permanent pour ne pas connaître d'interruption des produits, facteur déterminant dans la hausse des prix », dira, lors de son intervention, Akli Moussouni, expert indépendant en développement, spécialité agro-alimentaire et agriculture. Selon cet expert, les efforts consentis par le ministère de l'Agriculture à travers les différents programmes d'aide n'ont pas donné les résultats escomptés, du fait que « ce ministère est une annexe de celui des Finances duquel il perçoit les enveloppes budgétaires d'aide aux agriculteurs. L'échec flagrant des programmes engagés mérite d'être signalé et est perceptible particulièrement dans les nouveaux territoires agricoles (Hauts- Plateaux, Aïn Oussara, Hedshari, Ksar Chellala et Biskra) où il n'est enregistré quasiment aucune maîtrise de critère qualité-prix. Ce qui fait des milliers d'hectares de cultures abandonnés ». M. Moussouni ne manquera pas de relever qu'« aucun pays au monde n'a accordé autant d'aides à l'agriculture que l'Algérie ». L'autre facteur influant négativement sur l'approvisionnement en produits alimentaires souligné par l'intervenant est l'abandon de l'agriculture des produits locaux. Une soixantaine de variétés de légumes et de légumes secs ont été délaissées, bien qu'elles faisaient la richesse de notre alimentation. Et ce sont les produits agricoles frais qui contribuent à la hausse vertigineuse des prix. Cette situation, selon Akli Moussouni, peut changer à condition de « dégager une ligne d'approche sur la base de données réelles de la situation pour engager une nouvelle dynamique qui doit être encadrée par des mécanismes de développement d'une agriculture moderne qui puissent permettre des retombées économiques porteuses de stabilité ». Pour Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'UGCAA, « la situation est préoccupante, puisque les importations de l'Algérie en blé pour le 1er trimestre 2013, a atteint les 17% des exportations. Les prévisions estiment que cette année nos importations en produits alimentaires avoisineront les 11 milliards de dollars ». Boulenouar préconise quelques dispositions, notamment « le transfert des services du commerce du ministère de l'Agriculture au ministère du Commerce, l'établissement de programmes à court terme et la création d'assemblées ou de commissions régionales avec un pouvoir de décision, représentant les institutions locales et les banques ».