Les cours de soutien sont une manne financière importante pour certains enseignants. Quelques jours seulement séparent les élèves de leurs examens de fin de cycle (Bac, BEM et 5e). La tension monte au fil des jours. Pas moins de 2000 élèves de Boufarik, tous paliers confondus, s'apprêtent à passer leurs épreuves. Pour les élèves de terminale, la tâche s'annonce rude. Ce sésame tant attendu sera à l'honneur dès le 1er juin et il durera au minimum trois jours (selon la filière). «Dès que l'on prononce le mot bac devant moi, je sens une sensation de peur qui m'envahit. J'ai déjà la trouille. On vient juste de destresser avec mes camarades pendant la journée du bac sportif. Maintenant, je me concentre à fond pour le jour ‘‘J'' », confie Omar, un élève de terminale. Pour décrocher ce précieux visa, beaucoup d'élèves emploient de grands moyens, entre autres les cours particuliers de soutien chez des professeurs en activité, ingénieurs, licenciés dans différentes matières, mais qui ne sont pas dans l'enseignement. Généralement, ces cours se déroulent dans des lieux de fortune (garages, locaux d'association, petites pièces d'habitation…). Ce qui intrigue les parents, ce sont les prix faramineux demandés par certains. Ce phénomène se propage et s'intensifie au fil des années. Il y a dix ans, ces cours étaient réservés uniquement pour les élèves issus de familles aisées. Or, actuellement, ce sont 80% des élèves de terminale qui le font. Djamel, père d'une jeune fille inscrite en 3AS, série sciences, explique : «L'année passée, j'ai déboursé 30 000 DA pour les cours de ma fille, mais, hélas, elle a échoué. Elle prend toujours des cours de soutien, et j'espère que la réussite sera pour cette fois-ci.» A Boufarik comme ailleurs, chaque enseignant prétend être le meilleur de sa spécialité. Il use de son savoir, de son génie pour attirer le plus grand nombre d'élèves avec des prix dépassant parfois les 1800 et 2000 DA pour quelques séances seulement. «Dès l'entame de cette année scolaire, un des enseignants de ma fille de 3AS langues a interpellé ses élèves en leur disant que ceux qui voulaient réussir leur bac devaient suivre des cours particuliers», regrette ce parent d'élève. «Ma fille paie 3400 DA par mois pour deux cours seulement. Je suis incapable de vous dire si elle assimile bien ses leçons ou pas, d'autant qu'ils sont une quarantaine par groupe», se désole Houria, une dame venue chercher sa fille à la sortie d'un bazar où ont lieu des cours de soutien en philo, arabe et français. L'ex-ministre de l'Education nationale avait pourtant sommé les directeurs des établissements scolaires à ouvrir les portes après les heures de classe afin de donner la possibilité aux élèves de mieux réviser en groupe ou avec des professeurs bénévoles. Malheureusement, rien n'a été fait dans ce sens. La Bibliothèque pour les démunis A Boufarik, la bibliothèque de la maison des jeunes est devenue l'endroit favori des futurs bacheliers n'ayant pas les moyens de se payer des cours particuliers. Ce sont des lycéens en groupe qui échangent entre eux différents exercices avec applications et corrections faites par le meilleur d'entre eux dans la matière. «C'est le meilleur moyen de réviser nos cours, car on n'a pas de quoi s'offrir des cours de philo à 1800 DA et d'arabe à 1400DA. Alors, on s'entraide avec la collaboration de quelques encadreurs bénévoles, et on les en remercie au passage», déclarent Sihem et Mohamed, tous deux élèves de terminale. Quelques parents interpellent la nouvelle ministre de l'Education pour qu'elle encourage la création d'associations de professeurs retraités qui auront la tâche d'organiser des cours de soutien au tarif symbolique au niveau des établissements scolaires.