La fièvre gagne certains parents d'élèves à la veille du baccalauréat. En dépit des assurances de la tutelle, nombreuses sont les familles de candidats qui expriment leur inquiétude à l'approche de cette échéance. S'ils dénoncent le rythme imposé à leurs enfants pour rattraper les cours et le bourrage intensif (distribution de polycopiés) dans certains établissements suite aux nombreuses grèves des enseignants, le seuil fixé par le ministère de l'Education nationale sur les cours à réviser pour cet examen n'est pas du goût des parents, qui craignent aussi que des leçons soient survolées par les enseignants. «On se demande comment la commission nationale des programmes a procédé pour déterminer ce seuil. Certains établissements n'ont pas respecté les décisions de l'ex-ministre à propos des cours perdus pendant les différentes grèves des syndicats», s'indigne le président de l'Association nationale des parents d'élèves, Khaled Ahmed. Ce dernier a notifié par ce seuil d'«injuste» car ne reflétant pas, à ses yeux, «la réalité de l'avancement des cours». Notre interlocuteur, qui juge «légitimes» les préoccupations des parents d'élèves, cite le cas de certaines régions où les grèves ont sérieusement perturbé les élèves, mais aussi la wilaya de Ghardaïa qui a été touchée par des événements intercommunautaires. Ce qui l'amène à considérer que «les rapports établis par les inspecteurs de l'éducation nationale ne sont pas sérieux et ne reflètent pas la réalité de l'avancement dans le programme dans la majorité des établissements scolaires». Khaled Ahmed demande ainsi à revoir le seuil des cours décidé par la commission en associant tous les intervenants du secteur. «Sans conférences de wilayas, régionales et nationale, avec la participation des syndicats, des associations de parents d'élèves, des inspecteurs des matières, on ne peut pas déterminer le vrai seuil des cours», selon ce représentant des parents d'élèves. Cependant, le ministère de l'Education nationale, par le biais d'une source autorisée, défend ce seuil qui est défini, selon cette source, selon l'avancement des programmes au niveau des différentes wilayas du pays. «Pour nous, c'est un seuil logique et raisonnable», nous dit notre source du département de la nouvelle ministre, Nouria Benghebrit. Et pour la conception de ce seuil, il n'y a pas eu d'exception pour la wilaya de Ghardaïa, nous précise la source, en raison du fait que «ce sont que quelques établissements qui ont été touchés par les événements survenus dans cette région». Mais il n'en demeure pas moins que le recours à cette solution de fixation de seuil de cours chaque fin de l'année ne fait pas l'unanimité chez les syndicats du secteur, qui la rejettent carrément. C'est le cas de Meziane Meriane, président du Cnapest, qui bannit cette solution de «replâtrage» des programmes de l'année scolaire : «Le moment est venu d'en finir définitivement avec le seuil des leçons à réviser, parce que ça ne travaille pas pour l'avenir de l'enfant, particulièrement sur son cursus universitaire.» Bannir A ses yeux, «l'élève doit réviser la totalité des leçons faites au cours de l'année». «On est le seul pays au monde à élaborer chaque année le seuil des leçons à réviser pour le bac», regrette-t-il. Son analyse : «On peut dire que ça rentre dans la problématique sociétale que l'on vit actuellement en Algérie, qui consiste à réussir sans le moindre effort.» M. Meriane invite à l'occasion la nouvelle ministre à se pencher sur l'évaluation de réforme de l'éducation pour «extirper les causes pédagogiques qui font que, chaque année depuis 2008, les élèves demandent le seuil».